Port de tête

Sous le pseudonyme de Secret of Elements se cache l’allemand Johann Pätzold dont Chronos est le premier album à paraitre sur le label InFiné après les EP Monumenton et Odesea.

Étonnamment étiqueté « Ambient », Chronos est d’une réelle richesse mélodique et pourrait aisément être classé dans la catégorie néo classique. 
Les compositions révèlent l’ensemble des compétences de Johann, multi-instrumentiste patenté : Piano et cordes dominent des nappes synthétiques d’accompagnement parfois enrichies de chants - presque religieux - dans Astral ou encore le splendide Aurora menés respectivement par les voix de Sophie Louise Pätzold et Laure Brisa.

Ce n’est certainement pas un hasard si le disque s’ouvre sur le morceau Grace tant ce projet a un élégant port de tête. Le second titre, A Last Waltz, auquel participe Mischa Blanos au piano, vient immédiatement confirmer cette tenue raffinée et droite.

Johann Pätzold a su s’entourer de plusieurs musiciens pour donner vie a ses riches compositions ; du violoncelle de Tobias Unterberg sur Memento à la harpe de Laure Brisa sur Aurora, en passant par le violon de Thomas Braun sur Cassini.

Cette diversité n’entache pas la cohérence générale du disque dans lequel tantôt les cordes viennent au soutien de chants de claviers tantôt elles ont le premier rôle. On notera que le titre Cassini, certainement le plus accessible et le plus électronique, évoque immédiatement l’album Spaces de son compatriote Nils Frahm.

Les associations instrumentales sont remarquablement fines laissant chaque son à sa juste place afin qu’il ne gêne pas les autres, à l’exact opposé de ce qui rend inaudible les oeuvres de Katie Gately.

Ainsi, l’allemand révèle sa sensibilité aux paysages sonores langoureux, délicats, subtiles et presque contemplatifs. Il s’agit sûrement là de l’oeuvre d’un enfant triste pour les enfants tristes.

Chronos est un voyage qui demande le temps d’une écoute complète car d’une grande unicité, au point que l’on s’en voudrait de n’aller y piocher que quelques titres qui se perdraient dans une obscure liste de lecture que l’on oubliera.

http://oesprit.wordpress.com