Facelift
7.3
Facelift

Album de Alice in Chains (1990)

Né de la rencontre entre le chanteur Layne Staley et le guitariste Jerry Cantrell, le groupe Alice in Chains s’est vite imposé comme l’une des formations majeures de la scène de Seattle de la fin des années 80 et du début des années 90. Ils forment avec Nirvana, Pearl Jam et Soundgarden, le quatuor emblématique du grunge, dont ils sont souvent considérés comme les parfaits représentants de la branche la plus metal. Facelift, leur premier album, fut non seulement l’un des premiers disques du Seattle Sound à remporter un succès auprès du grand public, mais c’est aussi, plus simplement, un très bon album.

Dès les premières notes de We Die Young on est dans l’ambiance. Un riff metal maîtrisé, soutenu par une section rythmique solide. Une base instrumentale sur laquelle vient se poser le chant si particulier de Staley : rauque, puissant mais aussi mélodieux et extrêmement sensible, presque torturé, il participe pleinement à l’identité du son d’Alice in Chains. Vient ensuite Man in the Box, l’un des morceaux phares de l’album et l’un des premiers gros succès du groupe, qui repose encore sur une recette simple : un riff simple mais génial, et un refrain fédérateur, en forme d’hymne. Le reste de l’album reste globalement dans la même veine : du heavy metal très 80’s dans les sonorités. Outre la voix de Layne, c’est la guitare de Jerry Cantrell qui permet le mieux d’identifier le son du groupe. Probablement l’un des musiciens les plus sous-estimés de sa génération, Cantrell fait partie de ces guitaristes qui, s’ils ont indéniablement des atouts techniques, préféreront souvent placer une ou deux notes qui sonneront parfaitement, plutôt que 10 000 de démonstration pure. Une mise en avant du feeling et de la mélodie, qui se ressent dans les quelques excellents soli que compte l’album, tel le pont épique de Sunshine, ou encore Confusion, ballade très réussie qui préfigure Rooster.

La voix et la guitare sont donc les deux éléments qui surnagent au sein d’un album fort bien écrit et joué mais qui reste plutôt classique, le groupe ayant encore du mal à se détacher de ses influences ancrées dans la décennie précédente. Quelques éclairs de génie surviennent cependant. Comme la poignante Bleed The Freak, qui applique une recette que le groupe réitérera à de nombreuses reprises par la suite : un son heavy au service d’une mélodie presque déchirante. Mais aussi et surtout Love, Hate, Love, montée en puissance lente et sinueuse, aux sonorités très malsaines, encore une fois dominé par le chant de Layne Staley, plus maladif que jamais. Indéniablement un des moments forts de l’album.

Facelift est un peu l’archétype du premier album prometteur : très solide, rempli de bonnes idées, mais encore trop rattaché à ses racines et pas assez inventif que pour s’imposer totalement. Il constitue cependant une excellente entrée en matière et une introduction idéale à l’opus suivant, qui lui nous emmènera beaucoup plus loin.
Yayap
8
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le 28 mai 2013

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