David Vincent est de retour, l’inventeur du blast-beat est sur la touche, remplacé par un maître du brutal drumming qui a fait un malheur chez Hate Eternal, Vital Remains, Divine Heresy et tellement d’autres, Destructhor entre dans l’équipe et Trey Azagthoth fait l’annonce choc. Illud Divinum Insanus prendra une direction inédite chez Morbid Angel. Des influences techno-hardcore seraient assez présentes. Voilà le genre de déclarations qui crée la polémique. Décision respectable, mais casse-gueule, car forcément source de divisions parmi les fans. Qu’en est-il donc de ces fameuses expérimentations ?

L’intro confère à la mauvaise blague : on croirait du Fadadès ! Un instrumental totalement kitsch, avec claviers et percussions minimalistes, pseudo ambiance macabre, des chœurs fantomatiques particulièrement foireux. À coup sûr, c’est la grosse bouse de l’album, mais heureusement elle est courte. Pas la meilleure façon d’amorcer son come-back après 8 ans de pause … “Too Extreme” donne le coup d’envoi. Et ce n’est pas très convaincant. Déjà, elle est longue, si l’on n’adhère pas au trip électro, il va de soi qu’elle sera bonne à jeter. Et même en appréciant un tout petit peu le style, c’est décevant. Le problème est que très souvent, ce qu’on entend renvoie à ce qui a déjà été fait il y a 15 ans. “Destructos VS The Earth / Attack” est interminable pour ce qu’elle propose. “Radikult” sonne comme un Rammstein du pauvre mais est quand même sauvé par sa deuxième moitié où le death metal refait enfin surface. Ou bien c’est simplement le signe que votre serviteur est peu réceptif à la musique électronique. “Profundis – Mea Culpa” est peut-être le seul titre qui échappe à ce triste constat, car même s’il est bourré d’électro jusqu’à la moelle, ça reste très extrême, leur seule tentative vraiment réussie dans ce créneau. Illud Divinum Insanus a beau être « l’album atypique » de leur discographie, ce sont les passages plus traditionnels (les plus death quoi !) que l’on retiendra. “Blades for Baal”, la grosse boucherie du disque a de quoi rivaliser avec de grands classiques comme “Unholy Blasphemies”. Tout le monde joue son rôle, la voix de Vincent est toujours aussi reconnaissable, en revanche, les soli sont peu mémorables.

Quant à la facette death lent et écrasant qui fait leur réputation, elle est représentée par 3 morceaux. Le premier, “I Am Morbid” ou « quand Morbid Angel se prend pour Queen », prête à sourire. Ouvertement pensée comme une hymne de stade, il semblerait qu’ils aient tenté de nous faire leur “We Will Rock You”. Les riffs sonnent rock par moment, un essai pas désagréable, mais guère plus convaincant que leurs errances electro. La seconde, “10 More Dead” fait déjà beaucoup plus mal. Le passage à la vitesse supérieure au milieu du titre fait l’effet d’une décharge électrique, combinaison terrifiante des talents des 4 musiciens. “Beauty Meets Beast” ennuie un petit peu. En fin de compte, même dans le genre qui a fait leur renommée, ils arrivent à échouer … “Nevermore”, déjà fréquemment jouée en live ces dernières années est dans la veine de leurs meilleurs méfaits. Cependant, elle souffre d’un petit handicap : c’est quoi ces « whoo hoo » à deux balles ? (d’ailleurs il reviendront souvent, sur l’outro de “Radikult“ notamment) Et pour finir, il est connu que Morbid Angel cultive un certain son caractéristique (les détracteurs diront qu’ils se complaisent dans la prod dégueulasse). Certes, c’est déjà beaucoup mieux que le son marécageux de Domination mais il reste de gros efforts à fournir. Et qu’on ne vienne pas me crier que ça fait partie de leur identité, la clarté est une donnée élémentaire dans le death, cette prod ne rend absolument pas justice à la frappe supersonique et ultra-précise de Tim Yeung. C’est donc assez mitigé que l’on ressort de l’album « I ».

Les « cas particuliers » dans la carrière de gros groupes ont cette propension à susciter de gros débats chez les fans. Certains se diront inévitablement que Trey et sa bande se sont foutus de leur gueule. On ne peut pas leur en vouloir car majoritairement, les éléments expérimentaux d’Illud Divinum Insanus ont abouti à un résultat médiocre. Mais bon, le Morbid Angel que tout le monde aime est aussi présent ! S’ils tiennent à continuer dans cette voie, espérons qu’ils le feront mieux la prochaine fois.
JoroAndrianasol
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le 18 févr. 2013

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