I ou le huitième album de Morbid Angel, marquant un changement de line up une fois de plus, exit Steve Tucker (qui nous offrira une offrande de qualité avec le Into The Flesh de Nader Sadek), on souhaite un bon retour à David Vincent. Exit Pete Sandoval aussi, notre homme se rétablissant d'une opération importante au dos lors de la création de l'album, et bienvenue à Tim Yeung dont la maîtrise du blast beat n'est plus à remettre en question. Malgré le break du père fondateur de l'église du blast beat (Amen !), autant dire que ce line up vend du rêve, et qu'on pouvait être légitimement en droit d'attendre de ce nouvel album tout sauf ce qu'il nous a proposé.

Malgré la piste d'introduction somme toute assez classique pour le groupe, Illud Divinum Insanus emmène en effet l'Ange Morbide vers les strates de la musique électronique, et ce dès la première chanson de l'album, Too Extreme. La techno n'est jamais loin et la chanson est agressive, limite malsaine avec son beat électro couplé à quelques nappes de guitare électrique et la voix de Monsieur Vincent (je ne plaisante pas, c'est sous ce nom qu'il est crédité sur la pochette de l'album !); mais tourne vite en rond. En fait, une écoute approfondie de ce premier morceau électronique suffit pour parfaitement résumer la partie techno de l'album : malgré quelques idées sympathiques, on ne peut pas s'empêcher de ressentir une certaine retenue de la part des musiciens, comme s'ils se disaient qu'auprès des fans les plus hardcore, ça n'allait pas passer ; et que face à ce risque, comme s'ils voulaient s'assurer de leur plaire quand même, Morbid Angel n'a pas osé aller jusqu'au bout de sa démarche. Constat mitigé donc malgré l'approche plus froide et mécanique fort intéressante que pouvaient apporter ces beats électroniques sur des morceaux comme Too Extreme donc, mais également les pas si dénués d'intérêts que ça Destructo vs The Earth et Profundis / Mea Culpa.

Comme pour continuer plus loin dans la tentative de Damage Control autour de l'apport techno / électro sur cet album, la bande à David Vincent propose également des morceaux plus conventionnels, du death métal classique presque comme ils nous y ont toujours habitués. Presque ? Oui, car ces morceaux sont loin de l'audace habituelle de Morbid Angel pour nous pondre des hymnes death; et pour imager un peu cet état de fait, imaginez un coverband d'un groupe X ou Y qui se déciderait à composer leurs propres chansons mais dans la veine du groupe X ou Y. Fatalement, comme ils ont bien étudié leurs leçons après des années à avoir proposé la musique de leur groupe fétiche, ça va sonner comme eux, peut être même y ressembler très fort, mais rien à faire ça n'aura jamais le même génie, la même originalité ; et c'est paradoxalement ce que propose Morbid Angel avec des morceaux comme Blades For Baal, Nevermore ou encore Beauty Meets Beast. Les chansons sont pourtant bien sympathiques, et peuvent même consister en iles salvatrices pour l'auditeur perdu dans l'océan des machines derrière les compositions électroniques ; mais force est de reconnaitre qu'on est loin de l'audace d'un Maze of Torment ou d'un Dawn of the Angry.

Vous l'aurez donc compris, contrairement à un bon nombre de personnes, j'aurai pour ma part été agréablement surpris par les expérimentations électroniques de Morbid Angel et, à mes yeux, le seul point vraiment noir d'Illud Divinum Insanus est assurément I Am Morbid ! Cette espèce de ballade power métal aux relents de Manowar est une véritable purge qui personnellement me choque beaucoup plus que le beat techno de Too Extreme.

A l'arrivée, on se retrouve avec un album purement et simplement inégal. Peut être un peu le cul entre deux chaises, trop lié au bagage death métal que dégage l'aura de Morbid Angel que pour se permettre de flirter avec la scène techno / électro ; peut être trop absorbé par ces nouvelles envies que pour parvenir à pondre des morceaux death métal réellement marquant, Illud Divinum Insanus est un album qui ne manquera pas de diviser les foules, et on ne peut qu'espérer que pour la sortie de l'album "J" , la bande de Tampa saura faire un choix entre ses origines ou ses nouvelles envies, voire même pourquoi pas créer un side project expressément pour assouvir ces besoins d'expérimentations sans aucune retenue ?
SlaughterMass
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le 13 nov. 2013

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Jerem Mass

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