Très bonne surprise de retrouver Anton Serra sur un nouveau projet. Après avoir enchanté mes oreilles de son hip-hop quand je l'ai découvert dans les années 2010 - aussi bien en solo qu'en compagnie du collectif lyonnais l'Animalerie ou encore en duo avec son comparse Lucio Bukowski - le gone revient plus vivant que jamais à 40 ans pour un 10 titres qui envoie dans les tympans.
La très grande majorité des morceaux sont produits par Goomar, beatmaker que je connais peu mais qui avait déjà bossé avec des membres de l'Animalerie par le passé. Il remplace à merveille les non moins excellents Oster Lapwass ou Nestor Kéa par des productions variées où les sons boom-bap classiques font parfois une belle place aux basses 808. Le style se marrie très bien au rap d'Anton Serra, même lors des prods plus expérimentales du projet (la trap sombre de «Dirty Dent d'Scie» ou le craquage électro de «Rendez-moi Pandémie»).
Le mix est un poil saturé mais je présume que c'est volontaire pour le coté underground, pour éviter d'être trop lisse.
La quarantaine n'a pas calmé A. Serra qui envoie de la rime comme jamais avec le sens de la rythmique qu'on lui connait. Ca mêle les mots avec brio. Même s'il fait souvent référence au temps qui file, au sentiment de se sentir dépassé dans ses textes, le lion n'est visiblement pas encore mort et rappe avec plus de punch que bien des minots. Certains pourraient lui reprocher de ne pas s'adapter à l'air du temps, mais je pense qu'il n'en a rien à foutre : il ne renie ni sa plume ni ses flow et reste à l'ancienne, entre douce irone, rage et mélancolie. Le tout est étrangement rafraichissant pour l'époque.
J'étais surpris et heureux de retrouver la voix d' I.N.C.H. BEATS l'instant d'un feat, un gars dont j'ai toujours beaucoup apprécié le travail, que ce soit avec Vald à l'époque ou dans ses projets perso.
Un très bon projet dont j'ai regretté qu'il ne comporte plus de titres. Après comme on dit : qualité avant quantité. Ca m'aura au moins donné l'envie d'écouter ce qu'a fait Anton Serra depuis 3-4 ans, j'avais un peu lâché le bonhomme j'avoue...
Pardon Madame mais c'était bien cool !