L'amouuuur qui fait chanteeer la viiiiiiiie!

Après après nous avoir fait vivre une folle aventure au royaume d'Orchidia, et nous avoir fait découvrir le passé de Danaël, le Pamplemousse se lance dans une nouvelle aventure. Une aventure qui, pour le plus grand plaisir des Légenfans, est à l'honneur de l'amour compliqué entre Gryf et Shimy, leur couple préféré.

Ce n'est pas forcément l'idée la plus intéressante. Après tout, devoir arrêter un antagoniste cherchant à annihiler un type de personne, ce n'est pas forcément très original, et ça ne promet pas forcément autant de drame et de complexité que le diptyque précédent. Mais il n'empêche que j'ai énormément d'affection pour cette histoire-là. Comme beaucoup de gens, je suis très attachée au couple Gryf-Shimy, et après que leur histoire se soit arrêtée de façon aussi brutale, il est fort appréciable de les revoir prendre le devant de la scène.
Il n'y a aucun véritable combat dans ce tome. On assiste principalement à des chamailleries entre les personnages (Shimy et Akitten en tête), et on nous laisse croire à un futur-combat opposant notre Jaguarian à la démone Chiridirelle, mais sur ce point c'est tout ce dont nous avons droit. Mais ça n'a rien de trop gênant. Puisqu'il s'agit seulement de la première partie d'une histoire (comme c'est le cas pour tous les tomes impairs), il n'y a pas encore d'événements à grande échelle, mais cela reste un tome particulièrement dynamique. Cela s'explique par le fait que l'action ne se passe quasiment jamais au même endroit, l'histoire est toujours en mouvement. Sheibah se rend dans divers endroits afin de s'emparer des différents morceaux de clé, et nos héros font ce qu'ils peuvent pour la rattraper, même si cela ne les empêche pas de se perdre et d'être donc amenés ailleurs.

Par conséquent, on découvre donc du pays, on découvre de nouvelles cultures et de nouvelles espèces. Le tome s'ouvre avec des prêtres offrant un culte au Dieu Misery, ce qui donne une idée de la façon dont les Dieux sont encore considérés sur Alysia, malgré leur départ inexpliqué. Les Légendaires se retrouvent pendant un temps dans le désert, avant de se retrouver dans une charmante jungle aux couleurs variées. Nous faisons également la connaissance du peuple des Oustitas, créatures humanoïdes proches des singes. Les décors de leurs habitations sont particulièrement plaisants. Il s'agit d'arbres aux troncs étonnamment épais, entourés de nombreux escaliers, ponts suspendus ou de maisons tenues par les branches. Il y a un certain charme sauvage et naturel que je trouve mignon et assez créatif. Les Oustitas en eux-mêmes sont un peu idiots, mais apportent quelque chose de plutôt intéressant. On sait que même eux, qui sont des créatures plutôt naïves, possèdent une aversion envers le genre humain. On a donc, avec les Jaguarians et les Oustitas, une idée plus large de ce que les autres espèces pensent des humains. Tout cela permet donc au monde d'Alysia de s'enrichir et de devenir de plus en plus vaste.

Jadina n'est pas le personnage sur lequel l'intrigue se concentre le plus, mais cela n'empêche pas que je l'aime particulièrement dans ce tome. Dans les quatre volets précédents, la femme-fougère se comportait souvent de manière assez désagréable. Et toutes les fois où sa nouvelle personnalité a joué en sa défaveur, c'était à l'égard de Shimy que Jadina se comportait mal (que ce soit lorsqu'elle lui dit de cesser ses enfantillages dans Versus Inferno alors que l'Elfe commençait à savoir qu'elle n'était pas humaine ou quand elle la fait taire dans Sang Royal après son discours écologique). Dans Amour Mortel, la leader se rattrape complètement. Si elle se comporte parfois de façon agressive, notamment avec Razzia lors d'une scène, Jadina recommence à faire preuve de compréhension et de compassion, et ce à l'égard de Shimy. La jeune femme fait un peu moins Madame Je-Sais-Tout, on sent qu'elle a du mal à tout gérer dans la situation de son groupe, mais avec son sang-froid et sa maturité, la princesse possède quand même bien l'étoffe d'une vraie chef.

Gryf est l'un des deux personnages sur lequel le tome se centre le plus. Mais heureusement qu'il n'est pas seul à avoir les projecteurs braqués sur lui, car le Jaguarian n'est pas très attachant dans ce tome. Cela n'est pas un défaut, c'est clairement voulu, mais quoi qu'il en soit, l'Homme-Bête se révèle particulièrement peu amical dans cette nouvelle aventure. La femme qu'il aime, qu'il a complètement rejetée de manière brusque, fait la connaissance de sa fiancée, et il ne fait jamais vraiment rien pour s'assurer que Shimy n'en souffre pas. C'est déjà humiliant pour Shimy de rencontrer la cause de l'éloignement de Gryf, mais ce dernier ne se prive pourtant pas pour enfoncer davantage son ex. Il la rabroue dès qu'elle laisse échapper une mauvaise remarque. Il semble avoir une vision bien puérile de Shimy, puisqu'il semble toujours croire qu'elle agit par jalousie, la pensant même capable d'envoyer des attaques dangereuses par simple crise amoureuse. Gryf se comporte également d'une façon bien prétentieuse, jouant sur le fait que deux femmes sont raides dingues de sa personne.

Le Jaguarian, ordinairement si mignon, est donc bien méconnaissable dans cet épisode. Mais cela ne me dérange pas tant que ça. On est ainsi curieux de découvrir la suite afin de comprendre les raisons d'un tel comportement, et on se sent proche de ses amis, qui doivent vivre une trahison de Gryf, sans comprendre de quoi il s'agit.

Razzia apporte dans ce tome sa touche d'éléments intéressants. On découvre un peu plus comment il en est venu à faire la connaissance d'Amy (dont le vrai nom est Amylada, clin d'oeil rigolo), ce qui rend la situation gênante lorsqu'on découvre la suite des événements. La démone Chiridirelle était un peu plus discrète dans les deux précédents diptyques, on fait ainsi mieux sa connaissance dans cette nouvelle histoire. On découvre un peu plus sa personnalité suspicieuse, et réalisons plus que jamais sa détermination et sa soif intense de vengeance.

En plus de Gryf, l'opus est particulièrement centré sur l'Elfe de la bande. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas le beau rôle dans ce tome, vu la façon dont elle se fait bien mal considérer par son ex et la fiancée de ce dernier. On note aussi que Shimy n'a pas un comportement que l'on pourrait qualifier de badass, dans cet opus. Elle râle beaucoup comme une enfant -là, ce n'est même pas une vraie critique car j'adore quand elle fait ça, elle me fait rire-.

Mais il ne faut pas croire que je ne trouve pas Shimy attachante dans ce tome, bien au contraire. Depuis le dixième épisode, je ressens toujours énormément de compassion pour elle (même si je suis toujours perturbée par son comportement... jamais compris pourquoi elle est devenue d'un coup si émotive, ce qu'elle n'était absolument pas avant). Elle est celle qui se fait constamment le moins bien voir par la bande. Ses propres amis ne sont pas toujours très justes avec elle, je trouve. Et par conséquent, je ressens toujours cette envie de l'aider pour qu'elle puisse regagner le respect auquel elle avait droit avant, et qu'elle semble avoir perdu. La voir adopter un comportement encore plus immature que d'ordinaire, c'est dommage dans un sens, mais que la jeune femme finisse par craquer est finalement logique. Gryf possédant un rôle tenant plus de l'antagonisme, c'est davantage à travers les yeux de Shimy que nous vivons l'aventure.

Par contre, Ténébris n'a pas un rôle bien marquant dans cet opus. Pourtant, elle apporte son aide tout du long. Mais elle n'a aucune véritable heure de gloire, aucun moment où elle apporte du neuf ou du piment. Et contrairement aux autres -excepté Razzia- dont on découvre de nouveaux pans de personnalités dans cet épisode, Ténébris est toujours fidèle à elle-même. De façon générale, l'amante de Razzia a toujours du mal à marquer les esprits dans ce Second Arc. C'est un point que je considérais comme un défaut avant, mais que j'ai cessé de trouver dérangeant par la suite. Mais on attendra d'être rendus à L'Exode de Kalandre pour que je m'explique

S'il y a un personnage bien important dans ce nouvel épisode, c'est Akitten, la fiancée de notre Jaguarian...

Le principal antagoniste de cette histoire est Sheibah, une Jaguariane prêtresse de Jaguarys, qui souhaite éradiquer la race humaine. Que ce soit dans sa personnalité ou dans son but, elle peut sembler être une méchante assez classique. C'est une femme forte, intelligente mais bornée, ne répondant qu'à un désir de vengeance. Mais je la trouve intéressante, c'est même un des antagonistes que j'apprécie le plus dans la série. Elle possède déjà une certaine classe, mais ce que j'aime le plus, est le fait qu'elle n'est pas ce type d'antagonistes qui déteste tout le monde par principe. Bien qu'elle sache commettre de sombres méfaits à des personnes innocentes, cette Jaguariane est une personne possédant la capacité d'aimer. Cela se voit notamment dans l'affection qu'elle éprouve pour les Oustitas, alors qu'on s'attendrait presque plutôt à ce qu'une femme à l'esprit si malin dénigre un peuple aussi naïf. Mais surtout, son désir de vengeance n'est pas si personnel, elle agit par amour pour son fils.

Razorcat est justement un personnage que j'aime beaucoup. Le fait qu'il soit devenu à moitié fou donne une dimension tragique au Jaguarian, mais cela amène aussi beaucoup de moments amusants. Ce que j'aime bien, c'est qu'il a beau assister sa mère dans sa sombre entreprise, et pouvoir lui aussi accomplir de mauvaises choses si Sheibah l'exige, on sent qu'il n'a pas un mauvais fond. Tout ce qu'il cherche à faire, c'est rendre service à sa maman, et il ne semble pas réellement accorder de l'importance à la disparition des humains (alors que c'est surtout pour lui que Sheibah fait tout cela). Il peut faire peur, mais est finalement trop mignon. Parmi les autres personnages, on a Kelma-Thu qui fait son retour. Il n'a pas une personnalité plus profonde qu'avant, et n'est pas forcément d'une présence indispensable, si ce n'est pour expliquer comment Gryf et Shun-Day se sont fiancés. Il apportera un petit plus seulement dans la suite. On peut aussi noter le personnage de Nadcoko, dont la façon un peu surjouée de s'exprimer est amusante.

Dans son ambiance, Amour Mortel n'apporte rien de radicalement nouveau. Il s'agit juste d'une continuation logique de la série. Quoi qu'il en soit, c'est un tome que j'apprécie beaucoup, rien que pour le fait qu'il se concentre sur les deux personnages les plus rock n' roll de la saga. Mais ce n'est qu'une mise en bouche à l'un de mes tomes préférés...