La fin du monde, c’est pour demain !

À l’instar des interminables sagas japonaises, la lecture d’Un mal bien connu, dernière série de l’univers d’Hellboy, est malaisée et le néophyte perdu. Trop de personnages, trop de fils entremêlés. Si les premières aventures d’Hellboy étaient brèves, Mike Mignola a pris de l’assurance et développe désormais de longs cycles narratifs. Dans un tome précédent, l’impulsif démon rouge a tué Satan et fermé les portes des enfers, ne vous réjouissez pas trop vite, le schéol renait ici même. La moitié de la planète est inhabitable, l’Indonésie repose sous les eaux et l’Angleterre a disparu. L’humanité ne s’est pas autodétruite, mais succombe sous les assauts répétés de forces obscures... Pandémonium était la capitale de l’Enfer et le siège du conseil des démons... En son absence, il semblerait que New-York soit désignée pour la remplacer... Évitez la ville pour quelques temps...

Toujours sous la plume de du fantastique Mignola, le B.P.R.D. (Bureau de recherche et de défense sur le paranormal) a une longue histoire. On y combat le paranormal, on y meurt beaucoup, sobrement, mais jamais définitivement. Nul n’est à l’abri d’une résurrection, d’une métempsychose ou d’un envoutement. Pour autant, l’histoire est bien conduite, les personnages parfaitement écrits et le malaise palpable.

Cet opus est confié au dessinateur anglais Laurence Campbell. Son style, plus réaliste que celui de Mignola, fait de cet album une longue descente aux abîmes. Flammes, démons, goules, morts-vivants, spectres, squelettes, têtes de marteaux, grenouilles... Il ne s’attarde pas sur les batailles, les résumant souvent en une seule scène, richement travaillée. Il leur préfère les veilles de combat, contemplatives et introspectives, pourquoi tant de haine ? Puis les conséquences des combats, privilégiant les ruines, les monceaux de cadavres et les visions d’Armageddon. Que les dernières âmes sensibles s’abstiennent.