À la fin des années 1990, Mark Chiarello, éditeur chez DC Comics, lance un projet titanesque et ambitieux : produire, sur Batman, une anthologie réunissant les plus grands dessinateurs du moment, à la manière de ce que Archie Goodwin, son mentor, avait pu accomplir sur Creepy. Avec deux contraintes fortes : le noir et blanc d’une part, le format court, 7-8 pages, d’autre part.


Pensez-vous : Richard Corben, Liberatore, les Argentins Jorge Zaffino et José Antonio Muñoz ou encore le récent Grand Prix d’Angoulême, Katsuhiro Ōtomo lui-même ! Et quand on pense que Moebius devait participer : mais son épisode, jugé trop osé, ne fut pas intégré au recueil et ne parut que dans Penthouse Comix en 1995.


Devant le succès, l’expérience fut plusieurs fois renouvelée au cours des années suivantes, en 2002, 2008 et récemment, en 2014. Et la liste des auteurs de référence de s’allonger : Alex Ross, Mark Buckingham, Tim Sale, Jim Lee, Daniel Torres, John Byrne, Paul Pope ou encore John Buscema parmi tant d’autres que nous ne pouvons nommer ici (mais vous trouverez le sommaire dans le portfolio de l’article).


Urban Comics nous propose donc cette anthologie dans trois gros volumes, le premier déjà paru et le deuxième attendu en juillet. Le tome 1 offre une quarantaine de récits qui constituent autant de petits moments emblématiques ou à la marge du Chevalier Noir selon la perspective adoptée par les auteurs.


Sur le fond, du fait du format court, on se situe loin de ce à quoi le lecteur habituel de Batman peut s’attendre, en termes de développement du récit, ou même de mythologie. Mais le travail sur l’atmosphère et le choc des ruptures graphiques, qui souligne d’autant mieux les divergences de vision et de représentation du Croisé à la Cape, valent n’importe quel développement narratif.


Voilà un bel ouvrage qui marie ce que l’on pouvait a priori considérer comme inconciliables : la figure iconique du super-héros et la production d’une anthologie éclectique et de grande qualité. Souhaitons que du côté des lecteurs il en soit de même et que ce Batman Black & White réunissent fans de comics mainstream et amateurs d’exploration graphique en bande dessinée.


Chronique originale, et illustrée, sur actuabd.com


Quatre numéros paraissent en 1996. On y trouve des noms associés à la nébuleuse Batman, comme Bruce Timm, Klaus Janson ou encore Brian Bolland, des scénaristes chevronnés, tels Neil Gaiman, Chuck Dixon, Dennis O’Neil ou Archie Goodwin lui-même. Mais ce sont surtout les dessinateurs qui font rêver, par l’éclectisme dont témoigne la pléiade, internationale, invitée à participer au projet.

seleniel
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le 26 mai 2016

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