Caf'la Bou - Un marron, tome 1 par louielouie

Parfois, le neuvième art sert à mettre à jour des
morceaux d’histoire(s) oubliée(s). La vraie histoire,
celle que l’on n’étudie pas forcément à l’école.
L’histoire d’anonymes ancrés dans une époque, avec
ses codes propres, ses courants de pensée et ses
réalités et permet d’apprendre, d’appréhender des
cultures que l’on ne connait pas, ou si peu.
La BD que l’on verra aujourd’hui lève le voile sur
une île à 9000 km de Québec. Sous les tropiques
et sa chaleur humide écrasante où le temps est
aussi imprévisible que la nature environnante. Nous
sommes en 1793 et l’île Bourbon (aujourd’hui la
Réunion) est sous protectorat Français. L’esclavage
est encore à la mode et l’exploitation de la main
d’œuvre noir va bon train. On y cultive le café, les
fruits ou la canne à sucre par les autochtones et
quelques malgaches. Or, un esclave s’est enfuit de
la plantation. Il s’agit d’un « marron », ce terme
espagnol désigne un animal domestique reparti à
l’état sauvage. Ambiance. L’histoire se base sur le
destin de cet homme qui brise ses chaines et combat
la société qui lui a fait courber l’échine. Armé de ses
muscles, de sa machette et de sa soif désespérée de
vivre, on prend le pouls de ce qu’est être libre. On le
saisit à vif dans la chair, tous les gestes de cet homme,
qui n’hésite pas à basculer dans la violence totale
pour vivre libre, sont emprunts de dureté, de volonté
farouche de ne pas s’incliner devant l’absurdité de
sa condition.
Accompagné d’une femme qu’il a enlevé, il devra se
cacher et apprivoiser la nature sauvage qui l’entoure,
retrouver son Humanité en se perdant au coeur d’une
jungle hostile.
Ce guerrier n’hésite pas non plus à aller contre ses
oppresseurs et lutte férocement contre eux. Pendant
ce temps, en France, le parfum de la Révolution est
en marche, on commence à parler de Droits de
l’Homme, chose impensable habituellement.
Cette bande dessinée, véritable pièce historique,
s’inspirant de faits réels, nous conte cette histoire
de cet homme et de cette femme qui refusent de se
laisser corrompre par le système et nous renvoie
la question. Où se trouve notre Humanité dans
nos sociétés ? Et puis, comme le dis si bien Anne-
Laure Dijoux en introduction : « Tout être humain
y trouvera une illustration poignante du nécessaire
besoin de liberté et de socialité qui habite tout un
chacun ».
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