Après que l'on ait découvert le passé de Danaël et de Jadina, c'est au tour de notre Jaguarian de montrer quelle vie il a menée, lorsqu'il était Monslave.


Un enfant Jaguarian est récupéré amnésique, dans les montagnes de Lovinah. Le pauvre petit est alors vendu à un homme nommé Mentos, qui va faire de lui un Monslave. Autrement dit... un monstre esclave, devant se battre dans des arènes pour gagner sa liberté. La nouvelle vie de l'enfant-bête s'annonce horrible... jusqu'à ce qu'une forte amitié se lie entre lui et Samaël, l'autre Monslave de Mentos. Une amitié qui malheureusement, va vite tourner au drame...


De tous les tomes Origines, il s'agit clairement celui que j'ai le plus attendu. Et ai-je été amplement satisfaite? Et bien... C'est un excellent tome, je ne peux pas le nier. Mais malgré tout, je dois reconnaître qu'il me frustre un peu sur certains points.


Au niveau de l'ambiance, il n'y a rien à redire. De tous les volets qui composent cette saga spin-off, il s'agit clairement du plus sombre. On voit notre héros, pauvre petit bout d'chou de dix ans, qui doit accepter de mener chaque jour une horrible vie, ponctuée de cachots, de fouets et de combats à l'issue incertaine. Quand on assiste à la vie du petit Monslave, on ne peut que se sentir peiné pour lui. Les touches d'humour et les situations gaguesques de manga se font nettement moins présentes, le récit se prend énormément au sérieux. Et même si je n'ai jamais été extrêmement dérangée par l'aspect comique de la saga, cela fait toujours du bien de voir un tome sachant narrer son histoire avec toute la sériosité dont la série est capable.


Et ce rendu sinistre n'aurait certainement pas été aussi prenant sans Nadou. Alors qu'on aurait pu croire que l'illustratrice avait atteint le sommet de son génie, elle a su prouver avec Gryfenfer qu'elle possèdait encore les moyens de s'améliorer! Son trait est encore plus détaillé, encore plus sûr, encore plus mature. Les décors n'ont pas ici une importance aussi cruciale que dans Jadina, mais une vraie application y est faîte malgré tout. Quasiment toutes les pages proposent des couleurs sobres, ainsi qu'une atmosphère très lugubre. En effet, presque toutes les scènes s'arrangent pour ne pas avoir une forte luminosité. Soit, les événement s'écoulent dehors mais de nuit -ou à une heure bien matinale ou bien tardive, c'est parfois difficile à dire-, soit à l'intérieur des sinistres bâtiments destinés aux Monslaves.


Il n'y a qu'à la toute fin, lorsque Gryf rencontre Danaël et Jadina, que l'on peut enfin pleinement voir le soleil. Preuve qu'il aura fallu atteindre qu'il devienne un Légendaire, pour que notre homme-bête trouve enfin la joie de vivre.


Comme dans chacun des tomes de cette saga spin-off, plusieurs incohérences sont à noter par rapport à la saga principale. La rencontre entre Gryf et Mentos n'est plus du tout pareille que dans le flash-back du septième épisode. Et il nous ait pleinement confirmé que contrairement aux dires de Kel-Cha dans Griffes et Plumes, il ne s'est pas seulement écoulé douze ans entre le jour où son frère a disparu, et le jour où il l'a retrouvé. Cela dit, ce ne sont pas des points qui me chiffonnent vraiment (il a toujours été assumé que cette série prenait parfois des libertés avec ce qui nous ait parfois conté dans la saga originelle), et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est certainement le tome Origines qui fait le plus d'effort pour contenir une bonne continuité. De bons liens étant notamment faits avec le premier opus de cette série préquelle. L'identité de l'Ombre Noire étant, par exemple, dévoilée. J'aime particulièrement le fait que Gryf ne soit jamais nommé par son diminutif durant tout l'épisode. C'est tout bête mais tout à fait cohérent avec l'idée que ce surnom ait été trouvé après l'intégration de notre personnage principal chez les Légendaires. Elément tout simple que je ne peux m'empêcher de considérer comme trop mignon.


Etant donné que cet opus conte l'histoire de deux amis se battant dans des arènes, Gryfenfer nous présente de très bons combats. On nous offre à chaque fois du grand spectacle, avec des affrontements dynamiques, mais aussi particulièrement violents. C'est sans doute un des tomes de la saga montrant le plus fréquemment du sang. On y comprend plus que jamais la lourde impact des coups lancés.


La série continue également de s'enrichir par le biais de plusieurs éléments. Nous faisons la connaissance de la cité d'Eisleymos, sinistre ville habitée par les pires criminels du monde. Et c'est dans ce même lieu que nous apprenons à véritablement connaître la vie d'un Monslave, ainsi que les règles qui le soumettent. Après que la saga nous ait fait rencontrer des endroits plutôt enchantés, Gryfenfer nous fait découvrir tout le pire d'Alysia, réuni au même endroit. Parce que nos héros doivent affronter des monstres, le bestiaire de Les Légendaires s'enrichit également, montrant plusieurs espèces toutes dangereuses mais toutes bien différentes. Nous apprenons également à connaître les Chasseurs de Nuit, une confrérie de chasseurs hors-pairs, dont les membres possèdent une certaine classe avec leurs longs manteaux noirs. Ils s'avèrent intéressants, pour nous donner une plus grande idée des personnes qui régissent le monde d'Alysia.


Le tome se centre donc sur Gryf, notre joyeux et impulsif Jaguarian... Même si dans cet opus, ce ne sont pas les adjectifs qui le caractérisent le plus. Contrairement à ses deux prédécesseurs, dont l'enfance était représentée durant un cours instant, la vraie jeunesse de Gryf s'étend sur toute la moitié de l'histoire. Ce qui, je trouve, est une très bonne idée. Ainsi, on ressent encore plus de peine pour lui, en voyant l'horreur dans lequel ce pauvre chaton est plongé. On est davantage frappé par son manque d'expérience et sa vulnérabilité, et on ne se sent que plus indigné par l'injustice de sa condition. Et tous ces sentiments sont renforcés par la personnalité que notre Légendaire avait durant sa petite enfance. Le Gryf que l'on découvre est tout à fait différent de celui que l'on connaît. Il est adorable, mais est en même temps faiblard, pleurnichard et peureux, ce qui est très loin de l'idée que l'on a normalement de lui. Cependant, il change du tout au tout, après avoir atteint l'âge adulte. Le Monslave gagne considérablement en force et en courage, mais devient très sombre et antipathique, après avoir mené une vie aussi noire et éprouvante. Au final, il reste encore bien différent du Légendaire jovial et sociable auquel on est habitué. Mais c'est un aspect qui me plait vraiment beaucoup. Cela prouve que c'est sa vie de héros qui l'a vraiment construit. C'est en devenant un Légendaire qu'il a enfin su connaître la joie de vivre, c'est un point très fort.


D'ailleurs, j'aime beaucoup le fait qu'à la base, Gryf a rejoint les Légendaires uniquement pour venger Samaël, et non pour venir en aide à la veuve et l'orphelin. Cela fait donc entrer ce Gryf-là de façon naturelle dans le groupe, et cela rend d'autant plus émouvant l'ardeur qu'il mettra plus tard à protéger les opprimés.


Samaël, jeune garçon étrange au corps minéral, est le deutéragoniste de cette histoire. Lorsqu'on le rencontre, ce n'est qu'un jeune adolescent de quatorze ans. C'est un personnage fort sympathique, ressemblant pas mal à ce que Gryf deviendra lorsqu'il rejoindra les Légendaires. Il est courageux, déterminé et même s'il parle parfois de manière brusque et aime faire le fanfaron, il reste dans le fond très gentil. Samaël est nettement plus calme et réfléchi que notre Jaguarian, mais excepté ces deux points, on remarque qu'il aura beaucoup influencé le Gryf Légendaire. C'est quelqu'un de réconfortant, qui nous prouve que tout n'est pas affreux dans la vie du petit protagoniste. Mais c'est aussi un héros fascinant, doté d'une différence dont l'origine est inconnue, et qui a su durant toute son enfance demeurer fort et heureux.


Après l'avoir cru mort, on le retrouve ensuite douze ans plus tard, à l'âge adulte. Et on constate alors qu'il n'est plus du tout le même. Le pauvre a totalement perdu la raison. Il est à présent persuadé que Gryf est un démon, et se met à percevoir les choses d'une façon totalement exagérée. Et si cette idée possède quelques aspects intéressants, je la trouve aussi assez dommage. Je trouve ça très beau et dramatique de voir que Samaël n'a plus confiance en celui qu'il considérait comme son frère, et qu'il éprouve une telle souffrance intérieure après avoir été capable de tant supporter pendant son jeune âge. Mais j'aurais préféré qu'il y ait une raison légitime à ce que le jeune homme évolue dans le mauvais sens. Que l'ancien Monslave ait juste perdu l'esprit, cela rend son changement de personnalité beaucoup trop facile, selon moi. Et ces excès de colère me paraissent un peu moins prenants que si une vraie raison se cachait derrière.


Tout le tome se centre sur leur amitié. Samaël représente quelque chose de fort pour Gryf. Durant toute la période de Monslave que ce dernier a connu, le garçon au corps minéral est le seul à avoir vraiment pris soin de lui. Durant toute la moitié du tome, leur amitié est vraiment touchante, on comprend aisément pourquoi Gryf perçoit Samaël comme un grand frère. Il est d'ailleurs plutôt touchant de savoir que c'est cet adolescent qui a nommé notre héros "Gryfenfer", prouvant qu'il a su avoir une vraie impact sur le garçon-bête. Mais... malgré tout, j'ai toujours été assez frustrée de la direction qu'a ensuite pris leur relation.


Alors qu'ils se connaissent depuis un temps encore bien trop court, le destin les sépare, Samaël étant cru mort à la suite d'un combat. Et j'ai beau trouvé que leur lien a su créer de belles choses, cela n'empêche pas que je trouve leur séparation bien trop rapide. Certes, il faut que l'histoire avance, mais créer juste une case regroupant plusieurs bons moments qu'ils pourraient avoir passé ensembles, je doute que cela soit si difficile. Au final, Gryf n'aura représenté qu'une très courte partie de la vie de Samaël. Alors pourquoi est-ce que ce dernier le perçoit-il encore autant comme un frère, même après ne plus l'avoir revu pendant douze ans?


Cela reste une belle amitié, qui construit l'histoire, mais il y avait moyen de faire quelque chose de bien plus puissant, j'en suis certaine.


Ce préquel nous amène à retrouver le seigneur Mentos, que l'on avait déjà rencontré dans les flash-back de Gryf qui surviennent dans Aube et Crépuscule. On ne découvre rien de vraiment nouveau sur lui, il correspond bien aux souvenirs que le Jaguarian a de lui. C'est un homme cruel et sans scrupule, prêt à faire vivre toutes les épreuves les plus dures à ses monstres, du moment que cela peut lui procurer une renommée. Il n'est pas très profond, mais de toute manière, ce n'est pas vraiment lui le principal antagoniste de cette histoire. Il sert surtout à mettre un visage sur l'harassante vie de notre héros.


Cependant, nous découvrons une adversaire nettement plus intéressante, en la personne de Dasyatis. Il s'agit d'une femelle Monslave particulièrement effrayante. Elle n'apparaît que le temps d'une scène, et pourtant, cette créature a su me marquer. En plus d'avoir un design plutôt classe, elle se révèle drôlement impressionnante, en demeurant très calme et froide, et en faisant en même temps preuve d'une sacrée violence.


Bien qu'on ne la revoit plus après le "meurtre" de Samaël (lorsqu'on la voit détruire des vies sous les ordres de Darkhell, ça ne compte pas vraiment, elle n'est présente qu'à travers les propos de Danaël), l'ex-Monslave apporte beaucoup de bons points par sa simple existence. On a droit à un sympathique lien avec le premier tome des Origines, puisque l'on découvre enfin l'identité de l'Ombre Noire. Et on nous offre également de chouettes promesses pour l'avenir, puisque l'on est en droit d'espérer un jour un beau combat l'opposant à Gryf.


Certains personnages que l'on connaît ont droit à des réapparitions remarquées. C'est le cas de l'étrange femme adulte aux yeux voilés, qui cette fois, est accompagnée de la fille aux cheveux roses présente dans la nouvelle équipe de Danaël. Encore une fois, ses agissements se révèlent complètement obscurs. Cette femme nous apparaît d'ailleurs bien plus antipathique que jamais, tous ces agissements amenant à de bien sinistres situations.


Mais la présence qui fait le plus de bien, est sans hésiter celle de Danaël et Jadina à la toute fin. Après toute une histoire bien sombre, les deux fondateurs du groupe titre reviennent apporter de la joie et du rire au récit. La scène où Gryf fait leur connaissance est une de celles que j'aime le plus dans ce tome. Ils me font à chaque fois bien rire, et je ne peux m'empêcher de trouver ce moment émouvant pour ce qu'il représente. Un certain temps a dû s'écouler depuis la fin de Danaël, nos deux héros ayant retrouvé leur joie de vivre après la dure expérience qu'ils y ont connue, et s'étant crée une certaine complicité que je trouve bien mignonne (oui, quand deux personnages se disputent comme des gamins, je dis qu'ils sont complices).


Je trouve que tout ce qui entoure la relation entre Gryf et Samaël, est hélas, le point le plus perfectible. C'est très bien fait en soit... mais j'aurais adoré que cela me fasse ressentir quelque chose d'encore plus fort. Malheureusement, cette saga spin-off a toujours du mal à gérer son rythme, et c'est qui pêche le plus dans cette relation pourtant bien belle. C'est dommage, car je trouve qu'excepté ce point, tout est excellent dans cet opus. On aurait vraiment pu avoir droit à un chef-d'oeuvre, mais ce titre est manqué de peu. Quoi qu'il en soit, ça reste toujours une oeuvre fort agréable à lire, en attendant de découvrir l'une des meilleures histoires de la saga principale.

ErizuTeriyaki
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le 22 août 2017

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ErizuTeriyaki

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