Le retour jubilatoire de Ric Hochet

Ric Hochet est de retour! Cinq ans après la mort de Tibet, qui avait dessiné pas moins de 78 aventures du célèbre journaliste-détective, le scénariste Zidrou et le dessinateur Simon Van Liemt entament un « reboot » de la série, rebaptisée « Les nouvelles enquêtes de Ric Hochet » pour l’occasion. Autant le dire tout de suite: ce come-back inattendu est extrêmement jubilatoire! Zidrou, qui avait déjà ressuscité Chlorophylle il y a quelques mois, prend manifestement un plaisir fou à marcher dans les traces d’André-Paul Duchâteau, le scénariste originel de la série. Agé aujourd’hui de 90 ans, ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de faire part de son enthousiasme par rapport à cette nouvelle version. « Zidrou a choisi une manière intelligente et habile de faire la jointure entre la collection et ce retour, en s’appuyant sur un grand méchant assez culte, et en apportant à son scénario, ses dialogues, quelque chose de légèrement parodique », dit-il. « Il y a de la tendresse, des clins d’oeil aux auteurs, mais aussi beaucoup de rebondissements et un regard neuf ». On ne peut que lui donner raison: la force de cette « nouvelle enquête de Ric Hochet » est effectivement de respecter à la lettre l’univers et les personnages animés pendant 60 ans par Tibet et Duchâteau, tout en leur donnant un fameux coup de jeune. Un simple exemple: dans cette nouvelle version, la relation entre Ric et Nadine, la nièce du commissaire Bourdon, quitte enfin le stade platonique pour passer à la vitesse supérieure. « Nous sommes en 2015! », sourit Zidrou. La réussite de « R.I.P. Ric! » est bien sûr liée au talent de Zidrou, mais il ne faudrait surtout pas sous-estimer l’apport essentiel du jeune dessinateur Simon Van Liemt. Plutôt que de chercher à « faire du Tibet », celui-ci impose sa propre personnalité. C’est sans doute là le principal ingrédient du succès d’une reprise: ne pas sombrer dans le pastiche, mais apporter un véritable regard neuf. Chapeau à Zidrou et Van Liemt!

Mais au fond, de quoi parle ce nouvel album? L’action se situe en 1968, quelque part entre les albums « Alias Ric Hochet » et « Les Cinq revenants ». Normal: c’est à cette époque-là que le tout jeune Zidrou a découvert la série. Il a donc replongé en enfance. « Je me suis senti comme un enfant qui a enfin la permission de jouer avec le train électrique qu’il regardait depuis longtemps sans pouvoir y toucher », explique-t-il. Le lecteur est embarqué dans cette nouvelle aventure dès les premières pages de l’album. En rentrant un soir chez lui, Ric Hochet est surpris par un véritable sosie qui, manifestement, ne lui veut pas du bien. Cet homme, c’est le Caméléon, alias l’ex-inspecteur Philippe Manière, alias Philippe Volcan, c’est-à-dire le criminel auquel Ric a été confronté lors de sa toute première enquête. Après avoir passé de nombreuses années en prison, le Caméléon est ivre de haine et ne songe qu’à se venger de Ric et du commissaire Bourdon. Pour cela, il a échafaudé un plan machiavélique: se faire passer pour Ric Hochet! Grâce à la chirurgie esthétique, il a pris son apparence, mais ce n’est pas tout: il a également appris à parler comme lui et à se comporter comme lui. Pendant un moment, tout le monde n’y verra que du feu, que ce soit son rédacteur en chef, ses collègues journalistes, le commissaire Bourdon, ou même Nadine, trop contente d’enfin recevoir des avances de la part de Ric. Mais évidemment, cela ne va pas durer: on peut prendre l’apparence d’un héros, mais c’est plus difficile de lui emprunter également sa personnalité de gentleman un peu boy-scout! La vérité va enfin éclater à l’occasion du mariage du commissaire Bourdon, dans le décor enchanteur de l’île de Porquerolles…

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