J'avais abandonné Ric Hochet vers le numéro 50 de son épuisante saga, écœuré par le ressassement mécanique d'histoires désormais ridicules auquel se livrait un Duchateau en roue libre. Du coup, je n'ai pour une fois aucune objection valable à présenter contre l'inévitable reboot qui suit la mort de Tibet. Et ce d'autant que "R.I.P. Ric" est une belle réussite, tant au niveau du concept - une mise en abime percutante, à la fois drôle et tendre, des "fondamentaux" de la série originelle - que du scénario - un thriller tendu qui n'épargne pas ses personnages, tournant autour d'un plan démentiel alimenté par une soif atroce de vengeance : on est donc loin des territoires pseudo fantastiques où s'était mortellement enlisé le boy scout aux horribles vestes blanches et noires ! Quel plaisir de voir Ric s'envoyer enfin cette petite allumeuse qu'est la nièce de Bourdon. Ou le même Bourdon avouer son passé de collabo au sein de la police de Pétain. Ou même simplement de reconnaître qu'une bombe, cela tue, même dans une BD ! Plus trivialement, quel bon sens de la part des auteurs que de repartir dans les années 60, juste avant "le Monstre de Noireville", quand les enquêtes de Ric Hochet étaient encore en adéquation avec une certaine réalité de leur époque, et de convoquer à bon escient nos souvenirs des tous premiers albums ! Alors, un petit chef d’œuvre ? Eh bien malheureusement non, car tout cela est partiellement gâché par un dessin aussi mauvais techniquement (beaucoup d'erreurs dans les positions, les mouvements, beaucoup d'imprécision dans les traits inexpressifs des personnages...) que furieusement laid... Pourquoi donc ne pas poursuivre cette nouvelle série avec d'autres dessinateurs ? Le lecteur ayant retrouvé son amour d'antan pour un héros parfaitement "modernisé" en serait tellement reconnaissant ! [Critique écrite en 2015]