Kirkman patine

L'univers Ultimate continue de revisiter moments clés et personnages plus ou moins majeurs de l'univers Marvel à vitesse accélérée. Cette fois, c'est Cable et Bishop qui y ont droit. Évidemment, les origines de Ultimate Cable sont très différentes de son homologue classique : dans l'univers de base, le personnage est le fils de Scott Summer et Madelyne Prior, un clone de Jean Grey. Infecté par un virus techno organique fabriqué par Apocalypse, il est envoyé dans le futur. Ici, Madelyne Prior n'existant pas et Apocalypse étant toujours à l'état conditionnel, Cable devient une version future de Wolverine, désireux d'éliminer Xavier parce qu'il le considère responsable de son futur pourri. Une version plus simpliste donc pour un arc tout aussi simpliste (Kirkman se garde bien d'expliciter ce qui se serait passer dans le futur, donc tout ça reste trop abstrait), qui se termine à la fois par la reprise d'une idée plus gênante qu'autre chose (et abandonnée à l'époque par Stan Lee... qui avait donc eu plus de jugeote que Kirkman) et par la mort de Xavier : un twist par très inspiré qui en dit long sur le manque d'inspiration du scénariste sur ce coup là.

Puis Kirkman explore les conséquences de la mort de Xavier, avec notamment la volonté de Cyclope de transformer l'institut en école... Ce n'est pas une mauvaise idée en soi, le souci c'est qu'à nouveau, l'univers va trop vite, il ne fait que décalquer l'univers classique en accélérant la cadence. Hors c'est justement ce qui fonctionnait dans l'univers classique, c'est que tout ça se déroulait sur un laps de temps très long et que tout ces changements étaient en progressifs. Là, c'est quand même le bordel absolu, c'est un foutoir sans nom. Le retour de Lilandra et le complot caché du retour du Club des Damnés est pénible. On se demande d'ailleurs comment Jean, puissante télépathe, n'a pas capté les mensonges de ses interlocuteurs.

Mystique qui a pris la place de Magnéto dans la prison du Triskelion, ça n'a aucun sens. La prison de Magnéto est conçue pour inhiber ses pouvoirs, et donc on peut s'attendre à ce qu'elle inhibe n'importe quel pouvoir : comment Mastermind et Mystique peuvent continuer leur petit jeu comme ça, encore plus quand on sait à quel point Fury est parano. Et puis ensuite Kirkman accumule beaucoup trop de choses en un minimum de temps, à tel point qu'on finit par s'y perdre : Jean Paul Baubier serait une taupe, Shinobi Shaw est le petit ami de Emma Frost, le Fauve n'est pas mort (et n'est plus bleu), Diablo rejoint les Morlocks, le retour des Sentinelles, Tornade menacée par le Roi D'Ombre, la menace du virus Legacy, Bishop qui veut créer sa propre équipe de X-Men... À un moment on arrive plus à suivre. D'ailleurs on se fout royalement de la moitié de ces trucs parce que Kirkman n'a pas pris le temps de les introduire. On ne comprend pas plus la révolte des mutants après la mort de Xavier : le professeur n'était pas la figure mondiale qu'il est dans l'univers classique, ça n'a aucun sens. Mais voilà ce qui arrive quand on confond vitesse et précipitation.

Tout ce qui concerne les Morlocks est inintéressant au possible faute de développement préalable. Tout y est très simpliste, on ne comprends pas trop pourquoi les personnages se battent, ni pourquoi ils décident soudain d'arrêter. Bishop reforme une équipe de X-Men, Cyclope décide d'être pacifique... les idées sont bonnes mais l'exécution laissé à désirer. Comme d'hab, l'univers Ultimate avance bien trop vite et se contente de recycler avec plus ou moins de bonheur son grand frère classique. Le retour des Sentinelles n'est pas plus inspiré, la relecture du personnage de Stryfe est ratée et simpliste et le retour des jumeaux Fenris est tout aussi anecdotique que leur précédente apparition. Comme à son habitude, Kirkman parvient à lier le tout avec plus ou moins de bonheur, ne se privant pas de twists qui arrivent un peu tard. Tout ça ne servant finalement que de prologue pour la conclusion du run de Kirkman avec la version Ultimate d'Apocalypse.