Théâtre d'images dans un tourbillon psyché rock et funky
Une collection des aventures du plus inhabituel des super-héros de la famille DC : le Creeper.
Dans ce recueil cossu, il y a du Dennis O'Neil, du Don Segall, du Jack Sparling ... mais surtout et essentiellement du Steve Ditko. Ah Steve Ditko ... Auteur énigmatique et fascinant, dont le cens narratif au medium n'eut d'égal que ses assertions puisées dans l'objectivisme d'Ayn Rand (sorte d'apologie de l'individualisme prédominant qui convole judicieusement avec l'idée des justiciers déguisés.). C'est donc une fois échappé des griffes de Stan Lee, délaissant en route ses merveilleuses (co-)créations que sont le Dr Strange et Spider-man, que ce fils spirituel de Will Eisner fera un tour par la case DC à la fin des années 60. Ce passage aussi bref que remarqué qui se caractérisa par les incroyables épisodes de Beware the Creeper...
Baignante dans une atmosphère proche des romans d'espionnage, l'histoire nous présente ainsi Jack Ryder, journaliste excentrique travaillant pour un talk show de Gotham City, qui se retrouve mortellement blessé au cours d'une sale affaire. Celui-ci sera pourtant sauvé in extremis par un scientifique, grâce à un sérum qui non seulement le soignera mais le gratifiera de quelques super-pouvoirs.
Des super-pouvoirs, oui, mais des super-pouvoirs pour le moins atypiques ! Au-delà d'une force nettement accrue et d'une agilité à faire pâlir notre bon Tisseur, celui qui se fait désormais appeler le Creeper est capable d'un rire ravageur qui destablise, voir horrifie l'ennemi.
Paré d'un costume fauve et funambulesque, et de son envie de casser joyeusement du vilain, le Creeper enchaînera des récits foissonants d'action et de personnages bariolés, débordants de suspense et de rebondissements, des pages incandescentes où tout l'art de Ditko rutile. Les scènes de combat sont nombreuses et dynamiques ; le Creeper y danse savoureusement, saute d'une case à l'autre avec une maestria sans pareille, le trait de Ditko s'épanouit.
Considéré comme le pendant positif au Joker, le Creeper (période pré-crisis) est un personnage à la fois fou, fun et bigarré qui se devait d'avoir cette résurgence en orphéon.
Alors, d'après vous, quand un des plus grands génies du comic-book signe un de ses meilleurs travaux dans le "super-héroïque", qu'est-ce cela donne ?
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