Si vous avez lu Trouble is my Business, des mêmes auteurs, vous savez à quoi vous attendre. Ce recueil d'histoires courtes se situe dans la même veine. A savoir celle du polar urbain, des personnages de durs à cuire, des mafieux, et des tueurs à gage.


Il s'agit d'un genre finalement assez éloigné de l'image que nous pouvons avoir du maitre du "manga littéraire" (d'après Libé) aujourd'hui, plus proche du film noir, ou de ce que des cinéastes comme ceux de la nouvelle vague hongkongaise vont produire dans les années 80/90. Même si, pour moi, la filiation la plus évidente reste celle avec Tsukasa Hojo, et surtout City Hunter ; nous y retrouvons les mêmes professionnels de l'ombre, les mêmes femmes fatales, et un ultra-réaliste d'une beauté saisissante. Tokyo Killers s'accompagnant en outre de pages couleurs magnifiant le travail de l'artiste. Par rapport à Trouble is my Business, je dirai que ce recueil possède toutefois une dimension sexuelle bien plus marquée, avec des personnages féminins pouvant se diviser en deux catégories : les prostituées et les tueuses professionnels (ce qui d'après une de ces dernières revient au même).


Recueil oblige, les histoires reposent sur des trames variées, avec toutefois quelques figures récurrentes. Et évidemment, elles se montrent de qualité toute aussi variée. La première surprend par sa mise en page et sa narration, et vaut bien plus pour l'une que pour l'autre ; chaque page s'apparente à un tableau, mais mieux vaut ne pas trop chercher où va le scénario. Les autres reviennent vers un style plus classique, et s'avèrent moins marquantes mais plus agréables à parcourir. Cela permet surtout de mieux mettre en avant leurs atouts : des protagonistes forts, ou à défaut mémorables, des trajectoires brisées, quelques retournements de situation bien pensées, et un dessin sublime. A noter que la dernière est basée sur la nouvelle d'un auteur français (qui devait dans un premier temps être adaptée dans Métal Hurlant) se déroulant à Tokyo ; le scénariste a déclaré avoir ouvertement laissé certaines idées erronées, afin de représenter l'image que se fait un étranger du Japon.


Pour moi, Trouble is my Business et donc Tokyo Killers constituent ce que Jiro Taniguchi a fait de meilleur, du polar pur et dur servi par un trait incroyablement maitrisé. Mais je crois que je serai à un des rares à le défendre pour ça.

Ninesisters

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