Killing is my business
Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa avaient déjà travaillé ensemble sur une série, en 1980, autour de la figure du privé : c’était Trouble is my business. Quelques années plus tard, en 1986, ils...
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le 24 mai 2016
Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa avaient déjà travaillé ensemble sur une série, en 1980, autour de la figure du privé : c’était Trouble is my business. Quelques années plus tard, en 1986, ils tentent de s’emparer de celle du tueur à gage, dans une constellation de récits distincts les uns des autres, par leur localisation, leurs personnages et leurs enjeux. Mais reliés quand même entre eux par certains récurrences, par des effets d’échos et surtout par un travail sur l’atmosphère.
Plus encore que le privé, le tueur à gages, qu’il soit chasseur ou chassé, porte le poids de la fatalité et imprègne de tragique le récit qui s’empare de lui. Le tueur véhicule l’idée du point final, sous forme de balle létale, et nos personnages apparaissent avant tout au en bout de course, désabusés, à bout de souffle.
Cela confère une teinte de désespoir, ou à tout du moins de mélancolie, à ce recueil qui pourtant interroge, d’une certaine manière, le sens de l’existence et offre de vraie tranches de vies, rageuses, pied de nez à la mort, notamment à travers la représentation de la sexualité.
Il y a ainsi des choses étonnantes et belles dans ce recueil. Voire expérimentales comme ce premier récit, Good Luck City, inachevé, tout en couleur, aux planches muettes, simplement accompagnées d’une narration elliptique.
Et il faut un vrai travail d’adaptation littéraire, dans la traduction de Thibaud Desbief, pour donner corps à ce passage sinon assez aride et hermétique.
Mais il y a d’autres développements, plus simples, concentrés, et plus réussis, comme Hotel Harbour-View, splendide attente de la mort au bar d’un hôtel, ou le final de Brief Encounter, magistral solde de tout compte dans le métro parisien.
Demeure cependant une impression de tentatives et tâtonnements qui pourra dérouter le lecteur ou lui faire lâcher prise. À force d’installer une ambiance, de travailler le cadre et les codes, on en oublie presque de raconter quelque chose, de construire un récit. C’est un peu la limite de ce qui s’approche de l’exercice de style, et certaines fulgurances masquent difficilement quelques errements.
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le 24 mai 2016
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