Mortimer et la Machine à explorer le Temps

Opus clivant même chez les fans de Jacobs, ce Piège diabolique m'a longtemps rebuté. La science-fiction n'est vraiment pas mon truc et la couverture et la lecture en diagonale de quelques pages avaient fini par me convaincre que ce serait simplement un passage obligé pour me dire que j'aurai lu l'intégrale des aventures de Blake et Mortimer. Pour faire simple, je me projetais dans une Énigme de l'Atlantide bis, un épisode qui m'a particulièrement déplu. Aussi c'est peu dire que cet album a été plutôt une bonne surprise. Ce n'est forcément pas ce que je préfère chez Jacobs mais cette histoire tient la route par ses trouvailles graphiques et scénaristiques même si l'ensemble évoque inévitablement La Machine à explorer le Temps avec ses arrêts dans le temps sans lien particulier les uns avec les autres, et sa longue péripétie dans le futur qui reprend les codes bien connues de la dystopie.

Dans le fond donc rien de nouveau mais, pour la BD, le sujet est original et son traitement abouti. L'intrépide Mortimer se frotte à de drôles de péripéties dont il se sort miraculeusement sans une égratignure pour le côté un peu too much. Mais surtout il est seul, Blake n'occupant que l'introduction et la conclusion du récit. Et il a trouvé un nouvel adversaire à sa taille en la personne du professeur Miloch, Olrik pointant aux abonnés absents. L'argument est intéressant, cette lutte scientifique bien amenée, l'action au rendez-vous et les trouvailles visuelles ne manquent pas. Comme dans le récit de Wells, on pourra regretter que les différentes séquences dans le temps soient mal équilibrées (la dernière partie est un peu longue et convenue) mais le résultat est totalement distrayant.

L'album peut paraître vieilli aujourd'hui mais il conserve sa force grâce à son sens du rythme même si les tics narratifs de Jacobs sont parfois un peu pesants (mais comme toujours chez l'auteur). Une belle BD au final, toujours richement documentée, parfaitement illustrée et trépidante dans son propos.