Madagascar mais pas de chez Dreamworks !
Avril 42, deux hommes, le quartier maître réunionnais Maurice Rivière, et la major mauricien Antoine de Robillard, membres des FFL et représentants du général de Gaulle, débarquent secrètement dans le nord de Madagascar pour nouer contact avec d'éventuels partisans de la France libre, afin d'aider un éventuel renversement des vichystes au pouvoir sur l'ile et de la rallier à la France libre. Il s'agit surtout de vérifier ces contacts, voir s'ils sont vraiment sérieux, mais nos envoyés du général de Gaulle vont connaître quelques déboires.
Ils vont d'abord rencontrer un groupe de colons qui seraient prêts à rallier la France libre mais qui en fait ne sont que des opportunistes seulement intéressés par leurs propres intérêts.
Ils parviennent aussi à prendre contact avec un certain Spartacus mais là aussi, ce n'est pas exactement ce que recherchait De Gaulle : le dénommé Spartacus est en effet le leader d'un mouvement indépendantiste prêt se rallier à la France libre et à combattre Vichy, à condition qu'on lui fournisse des armes. Mais les gaullistes ne sont pas d'accord, il n'est pas question aider ces mouvements politiques qui pourraient ensuite se retourner contre la France, même s'ils avaient à ce moment des ennemis communs (un peu comme dans le cas de certains maquis en métropole qui n'auraient pas reçu les armes dont ils avaient besoin car on les suspectait, du fait de l'importance des communistes, d'être capables de lancer une insurrection nationale visant à installer le communisme dans le pays).
Rivière et Robillard vont devoir échapper à la police locale avant d'être les témoins de l'intervention militaire des Britanniques, sans qu'ils en aient été préalablement informés. Et pour cause puisque De Gaulle lui-même n'était pas au courant ! Mais la bd n'évoque pas cet aspect, ce qui est regrettable car il manque ainsi quelques éléments de contexte historique, qu'on peut apporter ici. En effet, les Britanniques ont attaqué Madagascar sans prévenir De Gaulle alors que ce dernier réclamait justement leur soutien pour l'aider à intervenir sur l'île. Ironclad est justement le nom de cette opération militaire commencée le 4 mai 1942, mais notre histoire commence juste un peu avant, quand nos deux héros débarquent sur l'île.
L'aventure de ces deux hommes permet ainsi de narrer des aspects peu connus de la guerre comme la lutte entre partisans de De gaulle et de Pétain pour le contrôle des colonies françaises ou encore les difficultés des gaullistes pendant la guerre, notamment les divergences d'intérêt avec les Anglais, chacun agissant de son côté. Mais il est aussi question du mouvement « indigène » qui se développe à ce moment et de l'isolement de ces nationalistes opprimés par les vichystes, contenus par les Anglais et pas soutenus par les gaullistes en dépit d'une communauté d'intérêts.
Un des thèmes de la bd est donc aussi la question coloniale, comme le souligne le titre de la série dont cet album est le premier volume, avec la description des colons, du mouvement indépendantiste ou encore de l'utilisation des troupes coloniales dans le conflit (tirailleurs sénégalais face à zoulous sud-africains qui se battent pour le contrôle de l'île).
Au final on a donc là un scenario assez original dans le monde de la bande dessinée. La guerre n'est pas traitée uniquement sous l'aspect du combat mais ici avant tout sur le plan politique, et il s'agit aussi d'évoquer la question coloniale. On nous apporte donc des infos sur la guerre et la Résistance pas forcément connues du grand public, ce qui est intéressant même s'il manque toutefois certains éclairages qui permettraient au lecteur de mieux comprendre les enjeux des événements rapportés.