2013 aura donc été une année majeure dans l'histoire de Buck, Tum et Sonny ; 2 albums en une année ! Deux duo différents ! Deux éditions différentes aux commandes !

A y regarder de plus près cette présentation doit être nuancée. Si deux dessinateurs différents officient, Zumbiehl pour Cobra Noir et Arroyo ici, Winis est le scénariste des deux aventures, servant par la même occasion de trait d'union. Ce dernier se confirme entre les éditions Dupuis, historique, et Zéphyr qui collaborent pour ce retour en fanfare des aventures des pilotes bientôt centenaires.

Si Cobra Noir poursuit l'approche chronologique pour nous offrir des aventures tentant de coller au plus près de l'actualité moyen-orientale, Zéphyr et Dupuis se sont associés pour offrir un autre angle d'attaque ; à travers cette collection "Classic", les auteurs vont retourner dans le passé pour offrir à nos héros de nouvelles aventures lors de la Seconde Guerre mondiale, celle de Corée et même, si on croise les doigts assez fortement, pendant la Guerre du Vietnam.

Lorsque que Hubinon et Charlier se sont lancés, à la fin des années 40, dans ces aventures aéronautiques, le censure fit largement son oeuvre. Ainsi "Ciel de Corée", créé en 1954, soit juste un an après la fin du conflit, n'avait pu sortir qu'en 1969 ! Tandis que le Vietnam se convulsait, Buck était en pleine Amérique latine pour affronter une menace nucléaire ...

Ce petit topo me semblait nécessaire pour évoquer l'écueil majeur de cette approche, mais aussi ce qui en fait son sel. Zumbiehl et Arroyo doivent coller avec une chronologie clairement établie pour intercaler de nouveaux albums, face à une horde de spécialistes "Es Buck" qui ne manqueront pas de pointer les incohérences. Quant au sel, il renvoie à la possibilité, un demi siècle plus tard, de traiter enfin pleinement de la Guerre Froide.
J'ai eu la chance que le Père Noël m'offre la version collector en N/B de ce retour aux sources. A dire vrai j'ai été de mettre 9. Quelques coquilles vraiment navrantes et le mur d'incohérence m'ont poussé à rester le plus objectif possible. Les coquilles me semblent difficilement pardonnables même si, écrivant à mes heures perdues, je sais combien cette quête est fastidieuses. Mais bon, sur un album de 46 planches, dans un cadre professionnel, il y a matière à passer l'obstacle. Quant à l'incohérence majeure, elle saute aux yeux des puristes, sans toutefois gâcher à mon sens le plaisir. Sonny apponte, tout comme Tumb, pour la première fois dans un "Avion n'est pas rentré". Il se trouve que cet album se situe juste après la fin de la Guerre de Corée. Patatra, Zumbiehl fait apponter les deux pilotes dans cet album. Si je suis sympa, je peux toujours dire qu'il s'agit de deux appontages en catastrophe et que, d'une certaine façon, le premier véritable appontage sur avion de la Navy n'interviendra que dans l'aventure suivante. Mais je comprends la colère de certains puristes qui ont crié au sacrilège. Cependant, il faut citer la préface de l'album :

"...Toutefois, l’idée ne consiste pas à proposer, à proprement parler, une suite chronologique aux aventures de Buck Danny. Le défi consiste en revanche, à travers le regard du héros, à revisiter certaines périodes marquantes de l’histoire, telles que la Seconde Guerre mondiale (en Europe comme dans le Pacifique), les années cinquante avec, notamment, le développement de l’aviation à réaction, mais aussi les années les plus sombres de la guerre froide. Ce choix, en même temps qu’il accorde une grande liberté aux auteurs d’aujourd’hui, promet bien des surprises au lecteur…"

Inutile de chercher la petite bête chrono, de pointer l'incohérence propre à nous condamner les auteurs aux pires des enfers : nous sommes là pour prendre du plaisir et REVISITER un mythe de la BD aéronautique.
Ainsi Il ne faut pas que ces détails occultent l'essentiel. Les Buck Danny ont de tout façon toujours charrié leur lot d'incohérences et même les détails techniques sont parfois erronés. Mais tant que le plaisir est là, je suis près à pardonner. Jamais dans la série la Guerre Froide n'a été aussi prégnante. On a même Staline ! Le conflit coréen reste largement méconnu et c'est un plaisir de le retrouver (la série Korea fait quasiment figure d'ovni). Les premiers temps de l'aviation à réaction, le côté quasi macgyverien des essais, tout ça m'a beaucoup plus. La scénario est très sympa à suivre, même si Buck multiplie les casquettes (ici testeur en chef, là officier commandant une opération majeure, ou cerveau de contre espionnage). Et puis merde, c'est un héros ! Si on était cohérent il devrait être général à la retraite et ne plus voler depuis longtemps ! Il était là à Pearl Harbour !! Je ne vais donc pas me cacher derrière mon petit doigt et chercher la bête : oui, il en fait des tonnes, mais merde, c'est un héros.

Le plaisir est au rendez-vous, jubilatoire. Les dialogues sont bons, l'humour potache cher à Sonny est plus fin que dans le dernier album "Cobra Noir" et, surtout, le dessin est à tomber. Les Zincs sont magnifiques, Mig 15, Sabre, mais aussi Corsair, Panther, Skyraiders, C124, B29, Arroyo dispose d'un trait parfait pour incarner cette nouvelle collection "Classic".

Un collector d'une très grand qualité technique (coquilles exceptées donc), en attendant la version colorisée pour le printemps. Je salue donc cette approche et bave à l'idée de découvrir, enfin, la véritable "Guerre Froide". Je ne pourrai finir sans citer le bad boy : un as Soviétique, une pure gueule qui saura largement nous faire patienter en attendant le retour de Lady X.

Assez nettement au-dessus de Cobra Noir, un premier essai qui m'a donné le frisson, comme si j'avais 7 ans et que je commençais à déchiffrer "Les Japs attaquent" ...
Aqualudo
8
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le 27 déc. 2013

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Aqualudo

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D'autres avis sur Sabre sur la Corée - Les Aventures de Buck Danny "Classic", tome 1

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