Je ne vais pas m'étendre à nouveau sur Mark Millar, j'ai déjà dit dans d'autres critiques mon désamour absolu pour le scénariste. Après une petite pause le temps de laisser à Millar la possibilité de trouver d'autres idées à la con, les Avengers pour ados rebelles des années 2000 sont de retour, pour le meilleur... et pour le pire.


Le duo aux commandes étant le même, pas de surprises à l'horizon. Ultimates brasse du vide, en commençant par s'intéresser au procès de Hulk. En soi, l'idée n'est pas inédite et pas intéressante sauf que comme d'hab, ce n'est pas vraiment ce qui intéresse Millar, toute l'intrigue est torchée pour que l'auteur

fasse son petit numéro habituel et tente de vaguement choquer le lecteur en faisant tuer un membre de l'équipe par ses propres collègues. Tout ça pour ménager un dernier twist qui aura sûrement des conséquences dans le futur mais qui pour l'instant se résume à une simple pirouette.


Comme d'hab, l'ensemble des personnages est détestable, parce que Millar pense que le concept de super-héros, c'est has-been au XXIe siècle. Les personnages changent de caractère au bon vouloir du scénariste (Betty Ross est tour à tour une conasse prétentieuse et sans coeur puis une veuve éplorée dans le même épisode) et l'Écossais peine toujours à construire des personnages intéressants : au delà de concepts efficaces, l'écriture des personnages reste le point faible de l'auteur.


L'intrigue suivante voit les Ultimates affronter leur collègue Thor, qui après avoir été une caricature d'activiste écolo devient un affabulateur avec quelques problèmes mentaux ayant volé un équipement sophistiqué. On sent bien que Millar n'y avait jamais pensé avant, ça sort un peu de nul part et c'est à nouveau très révélateur de la ligne éditoriale Ultimate et de la pensée de Millar. Il est vrai que l'invention de Thor (et d'autres personnages issus des mythologies) peut sembler un peu étrange au premier abord et correspond à une période de Marvel où c'était tout à fait normal. Mais ce n'est pas plus bizarre que d'autres éléments. Les titres Ultimate tentent de tout rationaliser, au risque de casser ce qui fait la magie de la fiction. C'est un non-sens total.

Le combat des Ultimates contre leur ex-collègue interpelle : voir Captain America attaquer Thor avec un lance-flamme soulève quand même quelques questions.

Millar essaie bien tant bien que mal de semer le doute quand à la vraie nature de Thor mais à force de vouloir jouer aux plus malins, il se prend les pieds dans le tapis : si Thor est bel et bien un dieu Asgardien, pourquoi a t'il besoin d'une ceinture pour obtenir des pouvoirs? Pourquoi aucun Asgardien ne vient à son aide? La volonté de réalisme du scénariste finit par se retourner contre lui.


Le dernier épisode va encore un peu plus loin dans le n'importe quoi nauséeux. Hank Pym rabaissé, humilié, rejoint une équipe d'amateur et s'embourbe dans un fiasco. Là encore, tout l'épisode est typique de la méthode Millar. Voir des équipes de super-héros gérées comme des boys band, c'est à dire avec l'aspect marketing et médiatique, ce n'est pas nouveau, Peter Miligan l'a fait sur X-Statix sauf qu'il y intégrait la dose de second degré nécessaire. Ici, Millar est tellement premier degré que l'ensemble donne plutôt la gerbe. Il semble tellement détester Hank Pym qu'il lui fait subir les pires humiliations possibles et rabaisse encore un peu plus un personnage déjà pas très intéressant (mais finalement pas moins que les autres). Et on pourrait aussi parler du comportement de Captain America... Sous couvert de décrire des personnages nuancés, Millar crée surtout de belles coquilles vides sans cohérence.

Mais on touche encore un peu plus le fond dans l'annual où Millar se pense très moderne et subversif alors qu'il brasse surtout beaucoup de vide. Ce pragmatisme poussé à l'extrême consistant à pondre des équipes de super-héros en série n'est pas sans rappeler ce que feront par exemple des auteurs comme Garth Ennis plus tard avec "The Boys", sauf qu'à nouveau, dans ces comics, il y aura toujours une forme de second degré, parce que la critique politique s'accompagne d'une firme d'ironie noire. Ici, Millar en est incapable, il se pense vraiment transgressif, place les Ultimates dans le contexte de l'après 9/11 et la guerre en Irak mais avec la capacité d'analyse politique d'un stagiaire de BFM TV.


Le pire, c'est les commentaires de Christian Grasse à l'époque, totalement à côté de la plaque. Le mec enchaîne un nombre incalculable de contre vérités et de conneries impardonnable, considérant même que le Authority de Warren Ellis était devenu médiocre avant l'arrivé de Millar alors qu'en fait, ce n'était juste pas les mêmes intentions (les épisodes de Warren Ellis ne s'occupent pas de politique) et faisant de l'auteur Écossais le digne héritier de Moore et de son run sur The Authority celui de Watchmen : il faut vraiment avoir le QI d'un bulot mort pour dire de telles inepties. Pas étonnant que ce pauvre garçon travaille toujours pour Panini Comics.

DocteurBenway
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le 18 août 2023

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