Nous avions quitté le petit Riad alors que sa famille s’installait définitivement en Syrie, à son plus grand désespoir. Il n’a beau avoir que sept ans, il se rend bien compte que la vie serait meilleure en France. Rien n’y fait : son borné de père ne veut rien entendre, et contraint femme et enfants à une vie austère dans la dictature d’Hafez Al-Assad.
Scénario : On suit les deux années suivant celles du premier tome, ancrées dans un petit village de Syrie, où bons nombres des habitants sont de la famille de Riad Sattouf. Ce dernier ne se place pas en dénonciateur ou critique d’une société arriérée et de ses parents irresponsables, mais propose un regard d’enfant, innocent et candide, sur les événements. Cela atteint d’autant plus le lecteur, inévitablement choqué et interloqué de tous les petits détails vécus par l’auteur (ou pas d’ailleurs, dans un récit comme celui-ci, il y a toujours une part de fiction). Avec ses nombreux descriptifs, le récit est en tout cas captivant, n’oublie pas d’ajouter de l’humour et des anecdotes plus personnels, pour une tranche de vie syrienne criante d’authenticité.
Dessin : L’expressivité avant tout, c’est le maître-mot de Riad. Il exagère les traits, les tord à l’envie pour désamorcer la gravité du récit et éviter de l’alourdir. Et si la mise en couleur monochrome peut parfois endormir la rétine, elle varie suffisamment avec les scènes nocturnes et les changements de lieus pour ne pas paraître accessoire.
Pour : Le portrait que Riad fait de ses parents est tout bonnement effrayant. Prendre autant de recul sur les personnes qui nous ont élevés est un exercice très difficile que l’auteur accomplit avec brio. Il n’épargne rien à son père, ni son avarice, ni sa bêtise, et encore moins son hypocrisie constante. Sans oublier sa mère, passive et dépassée par les événements qui ne rêve que de rentrer en France mais ne fait rien pour y parvenir.
Contre : Tout est réalisé pour empêcher l’histoire de tomber dans une routine, mais il faut bien avouer que le récit est un poil plus dilué que dans le premier tome. Rien de bien grave, car l’intérêt reste intact jusqu’à la dernière page.
Pour conclure : C’est avec cet angle si personnel que Riad Sattouf fait de « L’Arabe du futur » une des séries autobiographique parmi les plus marquantes depuis « Persepolis ». Le récit pourrait se conclure au troisième tome mais vu la tournure des événements, l’auteur pourrait continuer d’explorer son enfance encore longtemps…
Ma critique du tome 1 :
http://www.senscritique.com/bd/Une_jeunesse_au_Moyen_Orient_1978_1984_L_Arabe_du_futur_tome/critique/37484621