2 fois plus racoleur, 2 fois meilleur ?

Un film d’action américain des années 2000 qui génère un peu de fric il faut que ça ait une suite, c’est comme ça c’est la règle, même quand le réalisateur se tire, même quand les 3 quarts du casting ne sont pas disponibles, même quand le scénario ne s’y prête pas plus que ça… il faut qu’il y en est une. 2 Fast 2 Furious rentre clairement dans cette catégorie de suite dans laquelle on ne peut pas nous en vouloir de ne pas y croire, même quand on a à minima apprécié le divertissement proposé par le premier film comme c’est mon cas. Mais on n’est pas à l’abri non plus d’un bon film pour autant, même dans ces conditions peu favorables, serait-ce le cas ici ? Si vous avez vu la moyenne SC du film, vous devez déjà en avoir une vague idée.

Bon déjà, il faut savoir que ce n’est pas vraiment une suite directe comme on aurait pu s’y attendre parce que comme sous-entendu précédemment, ce ne sont plus les mêmes personnages que dans Fast & Furious à l’exception de Bryan, toute l’intrigue du premier film est mise de côté ou presque et c’est un choix assez casse-gueule. Déjà parce que ça prend à contre-pied les quelques attentes que l’on pourrait avoir initialement de cette suite, mais surtout parce que les personnages instaurés par le premier faisaient partie des forces du film, j’assume totalement cette phrase. S’en priver pour la suite, ça implique de devoir en recréer de nouveaux à la hauteur, et le résultat final n’est pas top très franchement.

Roman, incarné par Tyrese Gibson qui était par ailleurs l’acteur principal du précédent film du réalisateur, en est la preuve flagrante, lui qui se caractérise surtout comme le comique du dimanche avec ses blagues qui tombent souvent à l’eau. Il y en a bien quelques unes qui font marrer à force mais globalement le perso est mal écrit je trouve. Le problème vient peut-être aussi du fait que le scénario se prend trop au sérieux par moment avec des scènes trop violentes et matures, la scène du rat notamment, mises à côté de gags burlesques et d’une ambiance à la cool. Je pense que c’est pour ça que le personnage de Roman passe mieux dans le 5ème film par exemple, ça y a peut-être plus sa place.

Mais il n’y a pas que lui qui est foiré dans ce film, le personnage de Monica jouée par Eva Mendes m’insupporte encore plus, le réal assume son côté macho en ayant bien fait gaffe de ne pas inclure de personnages féminins forts mais juste jolis, contrairement au premier film, pour moi c’est un défaut, assumé ou non. D’autant que la romance ici a des allures ultra superficielles, pour le peu qu’elle est développée, alors qu’elle me paraissait plus sincère et utile à l’intrigue avec Mia dans le premier film, et on était pourtant loin d’un brillant style d’écriture tout de même ! Et comme là il n’y a aucun personnage féminin, même secondaire, pour rattraper le coup, ça la fout mal.

Un autre problème c’est que le lien scénaristique entre les deux films est assez flou, il faut savoir qu’il existe un prélude au film qui recolle les morceaux pour expliquer comment Bryan est passé de flic à Los Angeles à Street Racer à Miami, parce qu’on pourrait presque croire au début que c’est le même acteur mais pas le même personnage, et je ne comprends pas pourquoi il n’est pas inclus d’office dans le film, le DVD propose carrément par défaut de le lancer avant le film. D’autant qu’en plus de faire le lien il est plutôt cool, sans aucun dialogue, avec des clichés rigolos, au montage dynamique… ça répond à tous les stéréotypes qu’on pouvait avoir dessus mais du coup c’est marrant.

Sinon, on retrouve bien l’ambiance beauf « Sexy girls & hot cars » du premier film, renforcé même ici avec des bagnoles plus racoleuses et des filles plus stylées, enfin non c’est le contraire, bref vous avez compris l’idée. Néanmoins, l’intrigue a moins été travaillée en comparaison de cette ambiance, ultra-prévisible de bout en bout, grillant elle-même les quelques surprises qu’elle pouvait avoir comme Monica en infiltration chez Verone qui était déjà une idée très basique, comme ce qui a divisé Roman et Bryan qui s’oublie d’un claquement de doigt avec un raccourci scénaristique très grossier…

Finissons tout de même par un point positif qui n’est pas négligeable c’est que la mise en scène des courses a bien évolué avec le changement de réalisateur, et le double de budget par rapport au premier aussi, des plans infographiques et des plans de rue qui se succèdent plus ou moins efficacement avec une caméra qui bouge beaucoup, ce n’est plus la mise en scène simpliste du premier. Ça fait plaisir qu’il n’y ait pas eu un vulgaire copier-coller sans intérêt et le réalisateur a vraiment essayé d’y mettre sa patte avec des gimmicks originaux comme la caméra qui se renverse pour illustrer un instant un tonneau.

Ce n’est pas non plus de la mise en scène de fou on est bien d’accord, mais elle est assez efficace et il y a eu des efforts de fait pour la caractériser un minimum. Et quand on pense que le film se vend d’abord et avant tout sur son action en plus de son ambiance caliente, c’est vraiment salvateur pour lui de ne pas s’être planté là-dessus. Par caliente, j’entends aussi que ça profite comme il faut du décor de Miami et de ses environs, ce qui est toujours appréciable, d’autant que ça change pas mal de L.A vu précédemment.

En somme, suffisamment d’effort pour l’action et une ambiance assez proche du premier film sans la recopier pour que j’accorde la moyenne à ce Fast & Furious qui est probablement l’un des moins bons de la saga et qui paye cher son statut de suite qui n’en est pas vraiment une. Personnellement, je le trouve assez regardable tout de même mais clairement moyen et à ce moment là on peut légitiment s’interroger sur la pertinence de faire perdurer la saga.