Une mère en colère est une guêpe piquante, la douleur de sa verve est plus vive qu’un coup de trique. Three Billboards Les Panneaux de la Vengeance, c’est l’histoire d’une cocotte minute prête à imploser dans un bled paumé du Missouri qui a beaucoup en commun avec le Minnesota des frères Coen, notamment par la présence de Frances McDormand dans un rôle taillé sur mesure pour elle, celui d’une femme hystérique, d’un garçon manqué qui met des coups de pied aux adolescents, qui vide des cannettes de bière directement au goulot avec une descente que j’aimerai pas remonter à vélo. Une maman qui doit faire face au deuil impossible de sa fille, violée et calcinée au bord d’une route paumée qui n’est emprunté que par des idiots. Sur cette même route départementale se dresse trois panneaux publicitaires qu’elle va louer pour partir en croisade contre les autorités impuissante à mener cette enquête pour laquelle il n’y aucun suspect.


Le message polémique va faire le buzz médiatique et scindé la communauté entre les gens de l’extérieur compatissant envers la détresse de cette maman, et les autochtones locaux qui sont quant à eux plutôt proche du shérif, estimant qu’il fait de son mieux malgré son état de santé vacillant et des bras cassés qu’il doit se coltiner comme l’Agent Jason Dixon, un policier qui fait tâche dans le patelin pour ses tendances alcooliques, son caractère rustre et névrotique, sa stupidité et son racisme déguisé même si dans le fond on l’aime bien parce qu’il a un bon fond, enfin je crois. Par conséquent la ville devient un véritable champ de tir entre deux camps, et les journaleux comme à leurs habitude change de chemise comme de sous-vêtements. La situation n’est pas simple à juger, parce que les personnages malgré leur défaut ou leur incompétence sont bourré d’humanité. Pas étonnant que Sam Rockwell est d’ailleurs obtenu l’oscar du meilleur second rôle pour son l’interprétation de ce redneck consanguin qui rappel son rôle de détenu dans La Ligne Verte.


Mildred Hayes aimerai bien que la police emploie des moyens illicites qui vont à l’encontre des droits civiques et constitutionnels, du genre faire cracher au bassinet tous les mâles du comté voir même du pays, se prémunir de tout risque ou de tentation en prélevant leur ADN dès la naissance, le genre de débat futile et stérile qui anime tous les troquets mais qui n’est pas pour autant sans intérêt si on voulait réellement lutter contre le crime, avec le risque évident de corruption des élites qui pourrait à loisir faire arrêter les opposants politiques comme il suffit désormais d’accuser les gens pour les condamner médiatiquement. Le shérif interprété par Woody Harrelson est un homme taiseux plutôt pédagogue qui est très attaché au respect de son l’intimité et qui est donc très marqué par ce message qui lui est adressé, ce n’est pas tellement qu’il en a rien à carrer de ce dossier, mais comme ses jours sont comptés il a d’autres chats à fouetter.


Malgré le drame qui se noue derrière ce fait divers, Three Billboards n’en reste pas moins une comédie noire et grinçante parfois même absurde par moment, parce qu’il y a une forme de rétribution sournoise presque juste et équitable à la manière de l’arroseur arrosé. Chacune des individualités brisés attisent le feu d’un brasier commun et finissent par se brûler les ailes ou le visage. Dans la tempête, tout le monde y laisse une part de bonne humanité pour ne laisser s’exprimer que la part la plus sombre, celle de la violence policière et de l’anarchie destructrice. La colère engendre la colère dans un cycle sans fin et de vengeance éperdue, ça ne mène pas à grand-chose si ce n’est à la destruction de vie et de biens communs, peut-être à un sentiment de soulagement passager mais bien vite effacé quant il faut faire face aux conséquences de ses actes. À la fin il ne reste plus que la haine de son prochain comme principal carburant, l’empathie un peu moins.

Le-Roy-du-Bis
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le 5 juil. 2023

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