Le cinéma anglais de genre a eu sa petite révolution au début de ce millénaire. Débuté par 28 jours plus tard (Boyle), suivi par Dog soldier et the descent (Marshall), Last horror movie (Richards) ou encore Creep du réalisateur qui nous intéresse ici : Christopher Smith. Creep fut donc une jolie surprise et un bon premier film, bien maîtrisé et à l'ambiance glauque efficace. Mais, à l'image des autres réalisateurs cités, et beaucoup de ceux qui n'apparaissent pas ici, sa carrière n'a pas vraiment été crescendo. Son Severance, même si adulé par beaucoup, souffrait d'un déséquilibre qui le faisait partir dans la gaudriole pure. Quand à Triangle, une vraie purge qui peut se targuer d'avoir endormie l'homme derrière le clavier.

Angleterre, en l'an de grâce 1348. La peste fait des ravages sur la population. Osmund, un moine novice, est réquisitionné pour accompagner un groupe de chevalier. Leur but, trouver un village qui, étrangement, ne serait pas touché par l'épidémie. D'autres phénomènes auraient été rapporté, et il ne fait aucun doute, pour ces hommes de Dieu, qu'un nécromancien agit en ce moment-même, dans ces contrées désolées.

La première bobine met en place une ambiance pesante, angoissante, construit un personnage qu'on a tout de suite en empathie. Osmund, bien qu'interprété sans grande finesse, emmène avec lui le doute. Sa relation avec Averill semble le dépasser, l'emmener à se remettre en question. Et c'est en réponse à une prière, comme pour conforter le personnage dans ce tiraillement, qu'un groupe de chevalier mené par un Sean Bean dans les même teintes que chez Le Seigneur des Anneaux, qu'il trouve une porte de sortie afin de retrouver la pleine foi, ou plutôt se retrouver pleinement lui.

Le voyage se veut sous le signe de l'observation pour Osmund, qui reste en retrait dans les moments les plus durs. Et même s'il est touché par la pointe d'une lame, jamais il ne se défendra. Initiation à la vraie douleur, début d'un calvaire qui s'annonce bien difficile à supporter. Malheureusement, alors que l'action se fait un peu plus présente, Smith retombe dans ses travers déjà subis pour son Triangle. Sérieusement, qu'on défenestre l'abruti dégénéré qui a, un jour, soufflé à l'oreille des réalisateurs que des plans à l'épaule tout tremblotant c'est trop cool. Il faut voir ce plan, où Boromir... euh, Sean Bean marche vers Osmund pour lui poser une question. Un traveling avant avec la caméra posée sur l'épaule de Michael J. Fox serait plus stable. Donc les effets sont toujours les mêmes : action illisible, se situer devient un supplice. L'impression de bordel recherchée est là, évidemment, mais faudrait dire à ces réalisateurs que suivre leurs histoires dans de telles conditions tient plus du chemin de croix que du plaisir. Ca, c'est dit.

Puis vient la partie dans le village. Et là, miracle, tout se calme. Les cadres se font légèrement plus stables (ça bougeotte toujours, mais le vieux sous la caméra a dû trouver la bonne position), l'ambiance oppressante à souhait. On assiste alors à une demie-heure jouissive, menée par un personnage diabolique convaincant et original dans son traitement, où le sang coule pas mal et les mises à mort, sans être originales, ont un bel impact.

Cependant, le propos de ce Black Death, car le réalisateur a la bonté de ne pas prendre le spectateur pour un con en nous en proposant un, est peut-être un peu trop clair, un peu trop appuyé et téléphoné. La fin, outre le fait qu'elle s'étire beaucoup trop, convainc mais perd de sa superbe à cause d'un twist aussi fin qu'un film de Mark L. Lester. Même reproche que pour son Triangle, donc.
Bavaria
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le 21 mai 2011

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