Il semblerait que Laugier aime traiter de choses dérangeantes dans ses films. Pourquoi? Est-ce un désir de provoquer? Ou est-ce qu'il a vraiment quelque chose à dire sur notre façon de penser à tous? S'il entre dans la deuxième catégorie on peut regretter que le sujet ne soit jamais pleinement abordé que ça reste toujours un peu facile et superficiel. Finalement la deuxième catégorie implique la première puisque c'est parce qu'il veut trop choquer qu'il perd du temps.


Ainsi, comme dans "Martyrs", l'auteur s'encombre de twists inutiles car au-delà de la surprise ça n'apporte pas grand chose à l'histoire. En plus, le passage du retournement de situation est maladroitement amené par des explications foutraques, inutiles et ridicules. Puis d'autres twists s'enchaînent de façon aussi insipide que prévisible si l'on a vu Martyrs. Sauf que, pour ce dernier film, je trouvais encore intéressant le discours final. Ici , la position du réalisateur est trop floue et l'argumentaire trop peu réfléchi. Un peu comme quand un ado essaie de révolutionner le monde avec ses idées naïves.


La première partie est intéressante, et Laugier aurait dû rester dans cette tonalité classique de la légende urbaine. Ç’aurait alors été un film convenu, oui, mais pas pour autant raté. La qualité chute lorsqu'on troque l'objectif principal contre des explications vaseuses. Car la deuxième partie ce n'est plus que ça (un peu comme la troisième partie de Martyrs). Ça manque de couilles et de peps. Le discours est trop enfantin pour que le film puisse reposer uniquement dessus.


Côté mise en scène, c'est tout aussi immature. Le réalisateur français utilise des mouvements typiques américains sans en comprendre l'utilité ; la caméra est presque tout le temps en mouvement mais ne raconte rien. il s'agit juste de dynamiser l'histoire, d'amener un suspens qui n'aboutit jamais à rien. Par exemple de nombreux plans sont pris de l'extérieur d'une fenêtre pour filmer une scène à l'intérieur. Ok à un moment il y a bien observation d'un quidam, mais les autres, c'est juste gratuit. Or, établir un tel plan dans un film de ce genre ne peut que faire passer l'idée que quelqu'un observe.


Jessica Biel avait besoin de ce rôle. Sa carrière a pris un coup de mou et elle n'incarne déjà plus la belle brunette bimbo. Ici elle tente de convaincre par son jeu. Et c'est vrai qu'elle joue bien, mais je trouve son talent desservi par des dialogues peu intéressants (le face à face final avec la mère, dans la prison) et une tension trop pesante (pas dans le bon sens du terme). Ceci dit il faut féliciter le réalisateur qui, non seulement enlaidit la belle brune, mais en plus ne filme jamais ses formes (elle porte toujours des vêtements divulguant sa féminité). Quant à Jodelle Ferland, tout laisse supposer qu'elle fera partie des plus belles actrices de la décennie une fois arrivée à maturation. Espérons que son jeu s'améliore si pas il faudra s'ouvrir aux séries B-Z fauchées pour pouvoir apprécier son joli minois.


Enfin la morale du film est plutôt douteuse. Le réalisateur semble signifier que les milieux défavorisés ne font qu'engendrer des gens ratés, que seuls les riches peuvent offrir le bonheur. En même temps, Pascal aborde la thématique du milieu comme unique facteur influant la personnalité de chacun. C'est un point de vue intéressant. Dommage que l'auteur n'ayant aucun argument pour solidifier sa thèse, car même si je ne suis pas entièrement d'accord avec ce postulat, je peux comprendre qu'on y adhère. Je précise toujours que je ne note pas en fonction du message ou de la morale : j'estime qu'un propos a autant de légitimité qu'un autre, le tout est de savoir le défendre. ici ça m'a ennuyé donc que Pascal Laugier n'ait pas travaillé son argumentaire en profondeur mais soit. C'est surtout le scénario défaillant et la mise en scène impertinente qui m'ont fait mettre cette note.


Bref, "The tall man" est un film aux abords ambitieux mais traité trop superficiellement à mon goût. Les amateurs de twists y trouveront leur compte.

Fatpooper
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le 2 oct. 2012

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