Après Saint Ange et Martyrs, le frenchie Pascal Laugier confirme avec The Secret, un film de plus grande envergure avec une star internationale à l’affiche : Jessica Biel. Comme pour Le Sixième Sens, The Secret repose sur un twist surprenant dont l’intérêt est justement de ne pas l’éventer, elle sera abordée dans cette critique mais sous une balise spoiler pour ne pas vous gâcher le plaisir.

Je n’ai pas pu voir Saint Ange, ni Martyrs à cause de leur langue. Étant sourd, j’ai besoin des sous-titres et les DVD et Blu-ray ne les proposent pas du coup, je n’avais jamais vu un Pascal Laugier. Vu la réputation du bonhomme, je rongeais mon frein à l’idée d’enfin en voir un. C’est désormais chose fait avec son The Secret. D’ailleurs, on pourrait croire que c’est le titre original mais pas du tout, en VO, c’est The Tall Man, bien plus excitant car il met le spectateur sur une mauvaise piste alors que The Secret jette une miette de pain pour trouver le sentier vers la vérité, une grosse connerie de la part du marketing français.

Dans le nouveau long-métrage de Pascal Laugier, on suit Julia Denning (Jessica Biel) durant une journée quotidienne dans une ville presque morte, Cold Rock où une légende urbaine fait les nuits de cauchemar des enfants et des adulte. Cette légende urbaine porte un nom, non pas Bloody Mary mais The Tall Man. Une créature qui enlève les enfants. Il est le symbole offert par Pascal Laugier pour justifier la disparition définitive de 0.3% des 750 000 enfants disparus chaque année aux États-Unis. Difficile de ne pas avoir un écho de notre expérience en se remémorant les affiches d’Estelle Mouzin, disparue le 9 janvier 2003.

Revenons à Julia, tout se passe relativement bien pour elle jusqu’au jour où son fils est enlevé par le Tall Man. S’engage une course-poursuite où elle doit sauver son fils avant qu’il ne disparaisse à jamais. Autant vous le dire tout de suite, la pauvre Jessica en prend plein la gueule. Témoignant de son implication dans ce projet, elle est aussi productrice exécutive. Elle avait été remarquée par Pascal Laugier dans le remake de Massacre à la tronçonneuse où elle s’engageait physiquement, une condition nécessaire pour récupérer le rôle de l’héroïne de The Secret. Et c’est une mission accomplie pour l’actrice, elle pourra marquer le film au fer rouge dans sa filmographie tant elle y est excellente.

Ce n’est pas non plus le seul attrait de The Secret car il faut aussi compter sur une réalisation magnifique. Le plus gros point fort concerne le talent de Pascal Laugier pour filmer les plans d’ensemble en Colombie-Britannique (Canada). Le réalisateur repéré par Christophe Gans arrive à offrir un souffle presque épique, une atmosphère inquiétante et mystérieuse. Difficile de ne pas s’emballer devant ces plans rappelant les Stephen King et bien sûr, le jeu vidéo Alan Wake (point étonnant étant donné qu’il est aussi inspiré de Stephen King). D’ailleurs le nom de la ville, Cold Rock est probablement un hommage à Castle Rock, la ville imaginaire souvent utilisée par Stephen King dans ses récits.

Et ce n’est pas tout, le réalisateur français se paye même le luxe de rendre hommage à David Fincher en reprenant les fameux plans de Panic Room où la caméra se balade dans les recoins entourant la Panic Room. On retrouve plusieurs de ses plans-séquences magistraux dans The Secret que Pascal Laugier définit comme un Panic room en extérieur (et il n’a pas tort). Une grosse réussite, j’ai vraiment été soufflé par la réalisation de même par la musique rendant les évènements encore plus inquiétants et plus éthérés.

Dernier gros point et le plus sensible, le scénario. Il fallut sept ans et dix versions à Pascal Laugier pour en finir l’écriture. Point étonnant quand on voit l’envergure du film qui mélange plusieurs genres (si vous avez regardé la fiche, vous serez surpris de voir la tonne de genres différents). C’est d’ailleurs une définition qu’on colle souvent aux romans de Stephen King, le maître de l’horreur adorant mélanger les genres avec toujours comme ligne de conduite principale : offrir des personnages réalistes et approfondis. La plus grande saga de Stephen King embrasse à peu près tous les genres possibles sauf le porno, il s’agit de La Tour Sombre. On pense aussi à Le Sixième Sens ou La Cabane dans les bois par son twist changeant la nature du film.

Notons l’intelligence du marketing original en dévoilant une bande annonce qui ne montre que la première partie du film donc avant le fameux twist. Risqué car le spectateur peut ne pas vouloir avoir envie d’aller voir le film toutefois, le fait d’avoir ajouté la précision que la bande annonce ne montre que la première partie peut attiser sa curiosité (ça a été le cas pour moi). Je pense qu’il s’agit du meilleur moyen pour donner envie de voir un film à twists sans les révéler (encore Le Sixième Sens, c’est différent car il ne survient qu’à la fin du film), au moins si ça permet d’éviter la catastrophe Dream House avec son twist révélé dans la bande annonce.

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A PARTIR DE MAINTENANT : SPOILER

Putain, j’ai été sur le cul quand le twist survient, le changement de point de vue est tout simplement magistral et n’offre aucune rupture grâce à une magnifique réalisation de Pascal Laugier (décidément ce mec a un putain de talent). Le basculement du point du vue de la victime vers la vraie victime est un coup de maître. En un coup de caméra, le twist se révèle limpide sans besoin de bla-bla explicatif. Aussi marquant que le « I see dead people ».

Par contre, la résolution finale du mystère est trop prévisible. J’aurais vraiment aimé avoir une touche de fantastique. Toutefois, une fois cette déception assimilée, j’ai beaucoup aimé cette idée finalement pas si irréaliste que ça (contrairement au monstre qui enlève des enfants). Une idée qui fera beaucoup parler surtout par les implications morales qu’elle implique. Et si c’était vrai ? Et si les enfants étaient enlevés à des familles pauvres, sans avenir et à la morale parfois méprisable pour être confié à un avenir meilleur ? Seriez-vous du côté de The Tall Man ou non ? Aussi la révélation du secret est suffisamment étoffée pour qu’on ne se sente pas frustré avec une fin ne montrant rien. Pascal Laugier commence son film et le termine!

Jessica Biel est vraiment excellente dans ce film, j’ai été soufflé par son interrogatoire dans la prison avec la mère rousse. Elle y dégage une aura fascinante et on boit chacune de ses paroles.

Bonne idée, ce faux début qu’on croit être la fin, ça met vraiment le spectateur dans une fausse piste. Décidément Pascal Laugier aime jouer avec nous. En tout cas, moi j’ai foncé dans le panneau la tête en première en me disant : « Putain, ça m’énerve les films qui montrent la fin au début! ».
Marvelll
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Créée

le 17 août 2012

Modifiée

le 17 août 2012

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