Après la terrifiante mandale Martyrs, on attendait forcément Pascal Laugier au tournant américain...
Sauf qu'il ne s'y serait pas pris autrement s'il avait voulu éloigner les plus avertis d'entre nous de son troisième long-métrage. Déjà, un titre de merde : The secret ; ensuite, du twist annoncé de la plus putassière des manières ; et enfin, un thriller vendu comme un film d'épouvante-horreur, alors qu'il n'en est rien... Histoire de surfer sur la vague carmine précitée, certainement. Mais le pire, c'est que le début du film fait vraiment bas de gamme, notamment au niveau des acteurs. Tous. Sans oublier l'irritante voix-off française. Et puis cette présentation avec leurs noms sur les routes du coin, quel mauvais goût ! Heureusement, d'autres idées de réalisation et certains plans forestiers seront un peu plus inspirés.
Mais vraiment, on n'est pas à un cliché du genre ou à une facilité scénaristique près, dans ce début de film : une fille muette plus maline que les autres et s'exprimant dramatiquement par le dessin, d'autres dessins d'enfants affichés sur les murs d'une chambre, un instant émotion familial et autres trucs trop appuyés, un camion qui démarre aussi vite qu'un unijambiste à vélo, un chien wtf trop méchant, et un tronc d'arbre comme de par hasard... Mais étrangement, plus le film avance et l'intrigue devient complexe, plus ces défauts disparaissent et le scénario se joue de nous avec efficacité...
Car ce scénario, basé sur la disparition régulière des enfants d'une ancienne ville minière "Twin Peaksienne" laissée à l'abandon et à la pauvreté, finira effectivement par nous embarquer dans ses rouages mystérieux et tordus, mais toujours cohérents, jusqu'à poser par son dénouement quelques questions philosophiques très intéressantes. Un dilemme dérangeant notre morale, et méritant d'être posé, dans la lignée de celui de son film précédent, nous rendant compte des obsessions du réalisateur. Mais je n'en dirais pas plus...
Un film en deux parties donc : une première mal fichue et guère passionnante, et une seconde, après le premier twist, qui vaut franchement la peine d'avoir subi les maladresses précédentes. Mais The Secret me fait quand même largement douter de la capacité de Pascal Laugier à faire autre chose que maîtriser ce qui tourne autour de l'angoisse, des rebondissements et de la portée "philosophique" d'un film. Parce que dérouler tranquillement une intrigue, "poser" des personnages, les dialoguer, et les faire jouer correctement autre chose que de l'épouvante, ne semble pas vraiment être dans ses cordes.
A suivre...
6,5/10