Après deux très bon film qui l'ont mis sous les feux des projecteurs, Cronenberg a choisi de mettre de l'eau dans son vin et d'édulcorer ses pulsions destructrices dans cette adaptation de la pièce de théâtre à succès adapté d'un livre.

Cronenberg qui adapte une pièce sur la naissance de la psychanalyse, c'est un peu comme Burton qui adapte Alice au pays des merveilles. Ça parait tellement évident sur le papier que la déception est (forcément?) au rendez vous. Car, si le livre de John Kerr semble être un terrain fertile que le canadien pourra arroser de son talent pour faire pousser les plus belles névroses, le résultat final est loin d'être convaincant.

Trop bavard, trop théâtral, découpé en scènes et actes et, surtout, trop ambitieux pour tenir en haleine sur un film de moins de deux heures. Les ellipses s'enchainent et cassent le rythme de l'histoire, certains personnages sont à peine esquissés, et on peut difficilement parler de rôles secondaires tant le triangle Jung-Freud-Spielrein monopolise le temps de parole et l'écran.

Les obsessions du canadien pour la psyché humaine et la face cachée, refoulée de chaque être, sont ici diluées, noyées même dans un torrent de dialogues parfois un peu abscons. Les relations entre les trois personnages, très bien dépeintes par ailleurs, n'ont pas la force émotionnelle que l'on pouvait retrouver dans un Faux semblant, par exemple. Et la mise en scène, bien que plutôt réussie, ne peut s'empêcher parfois de tomber dans l'effet facile (faudrait créer une liste : Il y à un miroir, le personnage est donc torturé, je m'y attelle derechef...).

Viggo Mortensen est excellent en père tranquille et mentor au cigare, campant un Freud impressionnant quoique assez éloigné de l'image que l'on garde du créateur de la psychanalyse. Fassbender est une nouvelle fois parfait, et Keira Knightley est plutôt convaincante dans un rôle difficile, donnant beaucoup de sa personne à travers un certain nombre de contorsions physiques douloureuses à voir.

Difficile de noter cette méthode, il faudra attendre de voir quelle est sa place dans la filmographie de Cronenberg. Peut-être le film annonce-t-il un nouveau virage dans sa carrière, peut être est-ce un essai non transformé de film en costumes. Toujours est-il que, si l'on retrouve les obsessions du réalisateur, celles-ci se sont bien assagies. Dommage...

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le 21 déc. 2011

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Hyunkel

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