Au nord-est de la Sibérie, s'étend la Iakoutie. C'est là que vivent, complètement isolés, les vieux Nanouk et Sedna. Aga, le film du bulgare Milko Lazarov, commence comme un documentaire sur leur quotidien fait de chasse, de pêche, de ravaudage et de conversations dans la yourte (nature). Des occupations traditionnelles, de plus en plus menacées par les changements climatiques. Cependant, le film évolue peu à peu vers la fiction, avec le questionnement sur Aga, la fille du couple qui vit loin d'eux. Au-delà de certaines scènes attendues, dignes de Nanouk l'esquimau (1922), le film devient plus qu'intéressant, malgré une certaine lenteur, en explorant la sphère intime de ses deux personnages seulement accompagnés de leur chien fidèle. Les images sont superbes évidemment mais Aga donne aussi accès à la vie intérieure de Nanouk et de Sedna, en gardant une simplicité narrative qui n'empêche pas une certaine subtilité et profondeur dans le domaine psychologique. La musique de Mahler se marie parfaitement avec le récit qui ne cherche jamais à poétiser plus que de raison ces existences soumises aux lois de la nature.