Sibérie Arctique ; beaux paysages, immaculés de neiges, aussi impressionnants dans leur immensité que dans leur absence de vie, sublimés au sein du film par de longs panoramas et d'albes horizons. Au loin, un homme, perdu en ce blanc étincelant, traverse ce désert glacial qu'il semble parfaitement maitriser.
Ce vieil homme vit avec sa femme en totale autarcie, éloignés d'une quelconque modernité : lui, part chasser, elle, s'occupe de la yourte. Et l'on suit avec admiration et sympathie leur quotidien contrasté qui diffère de nos mœurs habituelles. Et ça fait du bien de voir ça.
Mais la nouvelle génération n'est pas de cet avis, préférant s'éclipser vers les grandes villes, s'émancipant de l'héritage culturel de leur parent. A savoir qui a raison, qui a tort, là n'est pas la question. Cependant, ce choix creuse un gouffre générationnel entre les parents ne voulant vivre autrement et les enfants qui aspirent à d'autres choix de vie. Ce clivage créé un manque et donne son nom au métrage : Ága. Fille des deux ermites, source de souffrance par son absence.
La famille se retrouve être ainsi la thématique principale du film. Elle est l'unique raison de vivre, plus que la richesse ou le pouvoir. Et si la famille se fragmente, alors personne ne peut aboutir au bonheur.
Au delà de ça, l'œuvre achève cette séparation entre le moderne et les désuètes traditions par l'ampleur technologique qui prend place dans nos sociétés. Des avions et hélicoptères qui passent au début, jusqu'à de gros engins routiers qui entachent ce paysage pourtant si pur en apparence. La mise en scène, fixe et et contemplative, le montre bien y compris dans les couleurs, passant du blanc au jaune à la toute fin.
Des messages très classiques. Mais contempler et jouir de panoramas aussi grandiloquents, avec une famille attachante et singulière donne à Ága cette particularité touchante et d'une impressionnante beauté.