Méta morphose
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le 14 mars 2022
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Honnêtement, si je n’avais pas d’enfant, m’infligerais-je encore le visionnage de chaque œuvre Pixar à sa sortie et constater, film après film, la lente agonie créative du studio californien ?
Mei est une jeune adolescente de 13 ans qui vit à Toronto. Elle vit avec ses parents, excelle dans tout se qu’elle entreprend et partage une passion pour le boys band 4Town avec ses trois meilleures amies. Elle découvre durant une crise émotionnelle qu’elle se transforme en panda roux géant.
Alerte rouge gravite autour du personnage de Mei dans son passage de l’enfance à l’adolescence. Elle est présentée comme une enfant modèle, une élève studieuse et souffrant certainement d’hyperactivité au regard de l’épuisante intro du film. Tout y est frénétique et déjà vu. Les copines caricatures monotâches, le père effacé, philosophe et artiste et enfin le mère, véritable antagoniste de l’histoire. C’est dans cette relation mère-fille que se définit Alerte rouge. Ming, la mère, veut garder le contrôle sur sa fille. Au delà du manque de nuances dans les étapes abordées, c’est tout l’équilibre du film qui s’effondre sur des fondations bancales. Si le personnage de Mei reste cohérent avec ses lubies d’ado, Ming fausse le rapport en montrant une personnalité paranoïaque, réactionnaire et violente qui n’a pas lieu d’être. En effet, Mei étant une jeune fille sans problème Ming n’a aucune raison de brider sa fille, encore moins pour un concert niais accompagnée de copines. De plus, étant elle même passée par les mêmes épreuves elle devrait au contraire accompagner sa fille. Si on est prêt à accepter ce postulat, on peut apprécier Alerte rouge. Mais dans ce cas, comment réduire la résolution du conflit par un combat acharné mettant en jeu la vie de milliers de spectateurs dans un pugilat maladroit entres deux Kaïjus velus.
De mon petit point de vue, le manque d’émotion qui émane du film doit principalement à cette erreur d’écriture. En parallèle, le rôle du père aurait dû être plus développé pour apporter un contrepoint tangible à Ming. Sa fonction se résume à réconforter et à aiguiller Mei sur le chemin de l’acceptation de soi. Les trois copines n’apportent rien de construit, elle font partie de la « menace » au même titre que les 4towns. Condensé de clichés djeun’s, le trio déroule, certes avec énergie, un humour et des problématiques aseptisées. A aucun moment je n’ai ressenti un trouble qui bien souvent m’assaillait dans les productions Pixar, un instant magique hors du temps, une pincée de poésie qui relève la fadeur d’une scène, une phrase anodine qui accouche d’un vertige ( TU N’ EST QU’UN JOUET!), ce petit truc qui pouvait transcender un film et déclencher enfin l’osmose. 2015. Vice versa. Dernier Pixar en date où j’ai été cueillie par une émotion.
Je conclurai rapidement sur l’aspect visuel. A l’instar d’un Luca, c’est convenu et enfantin, lissé jusque dans cette norme toute disneyienne. L’animation reste de qualité mais les designs manquent de cette identité qui sortait les films Pixar du lot comme si le studio avait peur d’innover, de sortir de sa zone de confort. Désolant.
Je ne sais pas si je visionnerai le prochain Pixar. Mais si je devais le faire, et que la qualité ne fasse pas un bond en avant, je ne prêterai pas à l’exercice de la critique. Ras la couette de tirer sur l’ambulance. Il y a des défaites qu’il faut savoir accepter.
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Créée
le 14 mars 2022
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