La Symphonie Inachevée

Alien est une saga aussi passionnante que parfois frustrante, qui aura vue quelques talentueux metteurs en scène se succéder pour faire vivre le monstre et, depuis le prequel Prometheus, c'est Ridley Scott qui revient au commande pour faire avancer les origines de cette saga et élargir l'univers.

Covenant se déroule dix années après les événements de Prometheus et donc 19 avant la découverte du monstre par Ripley dans le chef d'oeuvre de 1979, et il propose ici une œuvre qui va être une synthèse des deux. Il délaisse en partie le côté mystérieux de Prometheus, évoquant tout de même les ingénieurs et abordant la thématique de la création, mais sous un autre angle, et il se rapproche du film de 1979 en mettant vraiment en scène les origines et développements du fameux monstre.

De ce point de vue là, Covenant est plutôt passionnant, on se retrouve à la croisée de chemin (ou le cul entre deux chaises, selon les points de vue) et Scott montre une vraie maîtrise pour son univers, que ce soit dans l'écriture ou esthétiquement. Il sait prendre son temps pour bien mettre en place le contexte, et dès le début sa mise en scène est immersive, avec quelques plans magnifiques, ce que l'on retrouve tout le long du film et on s'imprègne d'une ambiance assez étrange, mystérieuse mais aussi morbide et nihiliste, alors qu'il montre tout son art pour nous faire ressentir le calme avant la tempête.

Tout n'est pas parfait, on retrouve quelques maladresses, ce qui est logique lorsqu'on aborde la création et les origines humaines, mais aussi dans les références, où les clins d’œils au premier volet sont largement évitables (toute la première partie ainsi que les combats face à l'Alien). Covenant est surprenant, on ne s'attend pas systématiquement à ce qui va arriver, et Scott prend de vrais prises de risques qui s'avèrent finalement payantes, tant il arrive à créer une ambiance et une forte tension, où les sensations sont bien là, notamment dans la dernière partie.

Il démontre tout de même un certain équilibre entre les tons, qu'il finira par abandonner pour se concentrer sur un slasher qu'il maîtrise avec brio. C'est parfois vraiment violent, et dès que la bête, toujours symbole de perfection, apparaît, il ne nous laisse guère de répits. C'est graphiquement sublime, que ce soit le sens du détail, la planète ou le vaisseau, tandis que la galerie de personnages, excepté ceux de Michael Fassbender, n'est pas toujours intéressante mais se révèle être un bon faire-valoir, surtout qu'ils sont bien interprétés.

Synthèse entre les interrogations de Prometheus et l'horreur magnifique d'Alien, Covenant fait oublier ses maladresses par la maîtrise technique et graphique de Ridley Scott qui met son œuvre sous tension pour mieux en faire ressortir les sensations et la stupeur.