Si on évite le propos politique d’un Wakamatsu, on y trouve ce même nihilisme. Ces bikers ne peuvent avoir aucun espoir, aucune histoire d’amour et même la pureté de Megu la petite sœur n’est qu’illusion, même Nami était déjà une victime avant d’être violée. Les dialogues, les décors, le scénario, les personnages renforcent ces propos déprimants et engendrent un malaise certain chez le spectateur. On retrouve l’obsession sordide du viol des mangas de Takashi Ishii. Et pourtant Chûsei Sone arrive à faire quelques scènes quasi-parfaites : le viol de Nami à la nuit tombée sous une averse entre deux trains, si elle n’a aucun caractère érotique (pas de sublimation du viol ici, mais sublimation de l’amour impossible que ne peut atteindre le héros) est un moment de grâce cinématographique comme nous en voyons rarement qu’on trouvera également sur le regard incestueux du grand frère sur sa soeur Megu. Chûsei Sone sait filmer la pluie, la nuit et les êtres en errance, tout en montrant ce que sont réellement ses personnages : des petites voyous minables.
Les personnages féminins n’ont que des rôles secondaires mais ce sont les seules qui irradient par moment l’image : Machiko Ohtani (Nami) en victime de tout temps (3 films seulement dont un Noboru Tanaka), Megu Kawashima (Megu) en fausse image de la pureté (7 films dont Female Teacher 6, Apartment Wife: Target Bedroom et un Masaru Konuma) et Tokuko Watanabe petite amie blasée de Kajima (39 films dont Noble Lady Bound Vase, Hymn, Female Teacher 4, Gate of Flesh). Chûsei Sone sait tirer partie de leur passivité, contrepoint de l’hystérie masculine. Ce volume 1 de la série est souvent difficile pour le spectateur mais qui restera stoché par quelques scènes d’anthologie.