Avatar La Voie de l’eau est un film jusqu’au-boutiste, une invasion d’effets spéciaux et d’images de synthèse au service d’une blitzkrieg du divertissement. Autant vous prévenir tout de suite, la finesse n’est pas de mise pour la suite tant attendue du plus grand succès cinématographique de l’histoire, toujours réalisé par James Cameron.

Le film s’ouvre sur une voix off agaçante pour raconter ce qui s’est déroulé après Avatar 1. Sully a maintenant une famille ainsi qu’une responsabilité, chef de tribu. Ils se la coulent douce avec sa femme et ses enfants, tout rempli d’amour pour mère nature. Puis les humains reviennent avec un atterrissage qui s’apparente plus à un génocide ou à l’arrivé des enfers sur la planète. D'entrée de Jeu, on comprend l’image de l’humanité renvoyée par le film, un terrible fracas, une puissance destructrice et mortifère, mais surtout un danger pour le monde vivant qui l’entoure. Le progressisme du film s’arrêtant à l’écologie, c’est à l’aide d’une guérilla bien viriliste que les Na’vi décident de répondre à l’envahisseur. Je pourrai continuer à vous raconter l’histoire ainsi sans vous gâcher le plaisir, le scénario n’a aucune importance, mais passons au pourquoi de l’échec artistique.

Le problème principal du film réside dans la réutilisation de ce qui a fait son succès il y a 14 ans, une approche révolutionnaire des images de synthèse et de la 3D au service d’une immersion dans un univers merveilleux. Mais, il s’est passé beaucoup de choses entre les deux films, la 3D est devenue ringarde et la CGI s’est grandement démocratisée dans les blockbusters américains. L’ère des sagas et des films de super-héros a plongé le cinéma populaire de divertissement dans une course au gigantisme effrénée. Il faut toujours plus d’action, plus de stars et surtout toujours plus de suites aux histoires. C’est comme si on n’arrivait plus à faire nos adieux à nos personnages préférés, à mettre fin à leur récit. Or, c’est justement le besoin actuel, mettre fin à une histoire pour mieux en réécrire une nouvelle. Car, à chaque fois qu’on fait une suite, on est dépendant de l’original, surtout s’il a été un succès, ce qui est souvent le cas. On ressent cette contrainte dans La Voie de l’Eau quand Cameron tente péniblement de raccrocher les deux bouts en intro. Ensuite, il faut faire du neuf, mais pas trop non plus pour être sûr de satisfaire les gens. Ils ne viennent pas pour être surpris, mais pour revivre un plaisir passé. Toutes les suites sont condamnées au syndrome de la première fois, c'est-à-dire à l’impossibilité de recommencer l’expérience, de créer une copie d’un instant passé. Mais alors pourquoi s’acharner ? Parce qu’est plus simple, parce que la nostalgie est peut-être l’émotion qui rapporte le plus aujourd’hui au cinéma. Le pire, c’est que le film n’est pas si mauvais que ça, il est juste convenu. Là est le problème avec le divertissement moderne, c’est que la surprise n’est ni bonne ni mauvaise, elle est inexistante. On sort du film comme on y est entré, sans attente, ni haine, ni violence, en se demandant juste ce qu’on va manger ce soir...

Erospleure
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le 5 mars 2023

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