Il y a trois ans, le succès d'Avengers a certainement changé la donne dans le cinéma de superhéros, il n'y a qu'à voir le planning surchargé des cinq prochaines années de tous ces films "connectés". Ayant un coup d'avance, Marvel en arrive donc déjà à la conclusion de sa phase 2, remettant de nouveau en scène son équipe fétiche. Mais là où son prédécesseur avançait tout en humilité et précaution, ce volet-ci le fait en excès et exubérance, trop assuré de sa réussite - commerciale, au moins. Car, si la phase 2 avait tendance à amener des thèmes plus sombres que le basique face-à-face de la genèse des héros, elle jouait également davantage la carte d'un humour intempestif qui annihilait, par conséquent, le ton plus mature et rendait les films plus enfantins. Avengers 2 ne déroge pas à la règle, cherchant à faire rire son publique toutes les deux minutes. L'humour y est incessant, omniprésent, très souvent lourd et maladroit. Parmi la pléthore de blagues et de vannes, la majeure partie est un fiasco, et chaque dialogue a été écrit pour sortir des one-liners, faisant plus lorgner le long-métrage du côté de la parodie. Bien sûr, il y a tout de même des répliques drôles, des situations cocasses, et mêmes quelques gags (involontaires) hilarants ; c'est à croire que c'est la seule façon qu'a Whedon de faire valoir ses personnages.


Dans cette suite, on ne compte plus les persos trop bêtement et brièvement exploités comme le Baron Strucker, Black Widow, ou même tous les nouveaux (Quicksilver, Scarlet Witch, Vision) qui n'ont que très peu de scènes pour briller. Sans compter le fan service bien forcé (Carter, Stan Lee, Heimdall, Falcon, War Machine...). De toute façon, toutes les répliques de Johansson sonnent fausses, Evans semble de plus en plus désintéressé, et Downey Jr. surjoue. Ruffalo et Hemswoth ont encore l'air de s'amuser, même si l'alchimie à l'écran n'est jamais très prenante. Seul Renner tire son épingle du jeu, puisque Hawkeye se rattrape du précédent film avec un vrai rôle de leader, de bons dialogues, et une belle histoire. Il y a aussi Ultron, bien interprété par Spader, mais un mauvais méchant (une habitude chez Marvel) qui fait plus rire que trembler, et ne fait guère valoir ce thème de l'intelligence artificielle. Si les rares scènes de mélodrama sont réussies, elles discordent dans cette histoire simpliste, lourdée de péripéties annexes mal développées (les visions et connexions chronologiques), et préférant la démonstration à l'explication.


Dès l'ouverture, l'action est prépondérante, en un plan séquence renvoyant à la bataille de New York, mais cette fois au cœur d'une forêt enneigée. Joss Whedon prend de l'envergure, et offre quelques beaux paysages extérieurs pour varier ses scènes de combat explosives, dont on retiendra surtout le Hulkbuster et l'encerclement final. On apprécie sa réelle inventivité à trouver des combos funs entre les superhéros, à mettre en scène leurs capacités différemment, leur offrir des moments de bravoure, et une utilisation "badass" de leurs armes, notamment pour Captain America et Thor. Malgré cela, ces affrontements deviennent souvent brouillons, découpant fortement les plans d'action selon les persos, ce qui ne les rend pas toujours plaisants à suivre. Qui plus est, toutes ces scènes sont entachées d'effets spéciaux médiocres, très généralement criants de synthèse, et souvent de plus mauvaise qualité qu'il y a trois ans (honnêtement, Hulk est laid). Et, en dépit de la présence de Danny Elfman, la bande sonore est fade, remplie des orchestrations grossières et violons de Tyler, sans rien proposer de très mémorable, hormis le thème Avengers et ses variations.


Qualitativement, Avengers: Age Of Ultron est à l'image de pratiquement toute la phase 2, suivant le même schéma filmique formaté, fort en surenchère, humour mièvre, et facilités de mise en scène. Trop peuplé, le long-métrage se dissipe pour tenter de ravir tous les fans - qui y trouveront certainement leur compte, car le film reste un événement dans le rassemblement de tous ces héros costumés - et s'avère sympathique (pour un Disney). Néanmoins, à l'heure où le genre pullule, cette énième œuvre n'offre franchement plus rien d'exceptionnel.

AntoineRA
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le 23 avr. 2015

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AntoineRA

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