Quand tu critiques tous les films que tu vois et que tu t’enchaînes les Marvel avec la marmaille, tu te retrouves face à un problème : eh merde, je vais encore dire la même chose. Comment faire ?


Puis, tu te dis : pourquoi les scénaristes ne se sont-ils pas posé la question ?


La vérité, c’est qu’ils ont vachement réfléchi pour cette nouvelle aventure de la dream team de l’univers. Certes, on nous ressert à peu près tout ce qui faisait « l’identité », si tant est qu’il y en ait eu une, du premier épisode : on se bastonne et on s’allie, on module les plaisirs avec des affrontements inédits, ici super géant vert contre super Iron Man, un version sumo métal qui en dit long sur les besoins de compensations du gigolo qui l’habite. Dans le premier volet, c’était difficile de constituer un groupe. Dans le deuxième, c’est difficile de vivre en groupe, surtout quand on contrôle l’univers, tu comprends.


On le sait, tout cela n’est que prétexte. Mais bon sang, que c’est lourd, voire pathétique. La première scène qui démarre sur les chapeaux de roue est plutôt habile et semble tenir compte de l’effroyable longueur et les remplissages qu’on avait pu reprocher jusqu’alors aux Avengers. On retrouve la fluidité des échanges entre les diverses stars, le tout dans un décor qui fait furieusement penser à L’empire contre-attaque pour sa neige et Le retour du Jedi pour sa forêt, Matrix pour ses ralentis, mais passons.


C’est ensuite que ça se corse.


Inutile de s’embourber à nouveau avec le film pour en décortiquer la pesanteur, identique à celle du marteau de Thor qui occasionne tant de discussions emblématiques : LOL. Les Avengers essaient d’être drôles, d’être casual, et que je t’organise des soirées, et que je flirte avec un cocktail à la main… Et attention, on nous a trouvé le twist ultime :


Hawkeye a une vie bien rangée telle que les américains la fantasment, avec bobonne enflée jusqu’aux seins qui tombent pas encore, deux gosse, il fait du bricolage et répare le plancher du solarium. T’avais jamais vu ça, hein ? Dans ta gueule, non ?


Ensuite, il s’agit d’ajouter des nouveaux personnages qu’on pourra introduire dans la bande annonce un an à l’avance, histoire d’alimenter le buzz. Un Quicksilver à l’aura d’un stick de fromage, qui passe aussi vite que son aptitude le permet et n’atteindra jamais la plus belle séquence de X-Men Days of future Past. Sa sœur, dont je n’ai pas bien compris les compétences, si ce n’est qu’il y a du rouge autour d’elle qui peut provoquer des bad trips ou éclater des robots. Et les bad trips, on s’en serait bien passés, une occasion supplémentaire de te plonger dans les passés troubles des âmes meurtries que sont nos super-héros-responsables-un-grand-pouvoir-implique-de-grandes-responsabilités-tout-ça-t’as-vu-quoi-j’avoue.


Cette Scarlet Witch, c’est la porte-parole de l’esthétique du film : une bouillie informe. Autant le final d’Avengers était finement troussé, autant c’est ici la grande débandade. Les scènes s’enchainent et se ressemblent, et puisque les enjeux sont les mêmes, aucune excitation ne vient titiller cette débauche sans âme. Les immeubles s’effondrent, les semi-remorques s’envolent, les villes s’envolent, le méchant se méchantise et blablate, et on se frotte les yeux, en se disant qu’il y en aura d’autres.
Tout n’est pas perdu : Marvel peut encore surprendre, qu’on songe aux Gardiens de la Galaxie. Un blockbuster de 2015 peut encore être lisible et jubilatoire, qu’on pense à Mad Max Fury Road.
Tout n’est pas perdu : mes enfants eux-mêmes n’ont pas aimé. L’espoir subsiste.

Sergent_Pepper
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le 13 sept. 2015

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Sergent_Pepper

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