Le vilain Ultron

Et c’est reparti pour un nouveau rassemblement des super-héros Marvel après quelques aventures en solo. Le nouveau Avengers démarre sur les chapeaux de roues en nous plongeant directement dans l’action : quelque part, dans un petit pays d’Europe de l’Est, l’équipe au grand complet affronte les troupes d’HYDRA (pour rappel, dans Captain America : Le Soldat de l’hiver, on découvrait que l’organisation nazie avait survécu à la Seconde guerre mondiale et le S.H.I.E.L.D. était démantelé). Il faut reconnaître que ce début in medias res est un petit peu confus pour le spectateur qui a la fâcheuse impression d’avoir manqué un épisode. Mais très vite, tout s’explique. HYDRA a profité du démantèlement du S.H.I.E.L.D. pour s’emparer du sceptre de Loki. Les Avengers sont donc réunis pour récupérer le sceptre et découvrir ce que trame HYDRA. Sans surprise, les héros sont victorieux. Mais, alors qu’Iron Man récupère le sceptre, il est victime d’une hallucination créée par la Sorcière Rouge. Cette hallucination fait germer dans l’esprit du héros une idée qui sera lourde de conséquences.
En effet, de retour à la tour Stark, Tony découvre qu’un programme informatique est caché dans le sceptre et convainc Bruce Banner d’utiliser ce programme pour créer Ultron, une intelligence artificielle destinée à servir d’armure à la Terre face aux menaces extra-terrestres. Inutile de vous raconter la suite : en digne héritier de la créature de Frankenstein, Ultron s’avère être un monstre contre lequel les Avengers auront fort à faire.

Moins fun et beaucoup plus inquiétant que Loki, Ultron fait entrer les Avengers dans un registre plus sombre, faisant émerger les tensions au sein du groupe et préfigurant sans doute le prochain Captain America qui adaptera l’un des meilleurs récits du Marvel Universe, Civil War. Ainsi le Cap et Iron Man sont non seulement régulièrement en désaccord mais ils en viennent même aux mains. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous, puisqu’ils n’étaient pas franchement super bons copains au début du premier Avengers. Mais la donne est différente. Dans le premier Avengers, il s’agissait pour les héros de devenir une véritable équipe en mettant leurs égos de côté pour mieux faire face à la menace alien menée par Loki. Dans ce second opus, les héros doivent faire face à leurs propres contradictions internes, d’autant mieux mises à jour que chacun est victime d’une hallucination qui le renvoie à sa peur la plus secrète et à sa part d’ombre. Nul n’est épargné, hormis Hawkeye qui se révèle le plus équilibré de nos héros (mais il est aussi celui qui n’a aucun super pouvoir).

La surprise attendue de cet opus, outre l’arrivée d’un nouveau méchant, c’est bien sûr l’entrée en scène de la Sorcière Rouge et de Vif-Argent (Aaron Taylor-Johnson, méconnaissable). On se demandait tous comment Joss Whedon allait intégrer ces personnages issus des comics X-Men (ce sont les enfants de Magneto) à l’intrigue, sachant qu’au cinéma la franchise X-Men reste indépendante des Avengers. Il fallait forcément modifier les origines des jumeaux Maximoff. C’est le cas : vous n’entendrez pas une seule fois le mot « mutant » être prononcé. Les jumeaux sont des « Optimisés », ce qui laisse entendre que leurs pouvoirs ne sont pas de naissance, et leur histoire est liée à Tony Stark.

Dans l’ensemble, ce nouvel Avengers est un blockbuster plus qu’honnête et, mine de rien, un peu plus subtil que la moyenne. Les personnages se dévoilent davantage, faisant apparaître leurs failles, ce qui leur donne plus de relief, tandis que l’univers des films Marvel s’enrichit de nouveaux venus. Pas transcendant mais bien foutu.