Sundance a eu une bonne tendance a produire de bonne BO, sur des films moyens/corrects mais très attendus, ces derniers temps. Bellfower ne déroge pas à la première règle, la BO est excellente, c'est déjà ça, et il y avait au moins un parti pris esthétique. Deux bon point, c'est déjà pas mal... il fallait encore se dégager du film esthétisant.

Et puis il reprend aussi des indépendant américain cette façon très juste de raconter les petits moments de bonheurs, d'arriver à filmer des délires de d'jeuns (qui sont souvent pitoyables dans les films français...). Des moments simples, un peu gênés, mais très bien joués. Ça aussi, c'est du sundance «classique», mais c'était déjà moins gagné d'avance pour un jeune réalisateur, et la narration est très maitrisé. On est complètement pris dans leur atmosphère, assis à côté d'eux à glander pépère, dans un portrait assez réaliste.

Mais Glodell décide de pousser le vice et tout donner à ces jeunes : ils n'ont pas besoin de travailler, ils n'ont aucunes contraintes de temps, ils font des rencontres sympa et en plus ils sont suffisamment doués pour ce fabriquer ce dont ils rêvent. En fait ils n'ont aucun problème extérieur. Ils ne sont pas désenchantés non plus, façon génération «le monde est trop tout pourri, j'ai envie de rien», des rêves ils en ont plein, et ils ont les moyens de les réaliser.

Mais il y a en ligne de fond ce vide, cet ennui, et surtout beaucoup d'alcool. En permanence tout s'accompagne d'une bière, du petit dej' jusqu'au soir, et la moindre grande occasion on y va beaucoup plus fort. Et le mélange des deux fait qu'à défaut d'avoir des problème, on s'en crée, et ils peuvent prendre des proportions incroyables, en témoignage les scènes apocalyptiques finales.

Tout capote pour rien, tout dérail pour un mix de conneries usuelles et de la faute à pas de chance. Sur ce point Glodell rejoint Herzog, ou dans un autre style le Game of Throne de HBO, contrairement au cinéma américain habituel où il y a une certaine loi de la nature, qui vient souvent rattraper l'inconséquence des hommes, ici il n'y a ce que les hommes créent et le hasard.

En fait les images d'Épinal de la Californie du sud et des films de tarantino et autres, n'arrivent pas à se caler sur ces jeunes, cela sonne faux, on n'arrive pas à superposer des deux. Les clichés façon 7D avec profondeur de champs nulle et couleurs saturées, façon magazine de skate, ou la tâche de sang sur l'objectif, apparaissent de façon assez aléatoire, contribuant à l'ambiance mais pas du tout au message.

Mais le film ne tranche pas, ne dit pas «vous êtes trop branleur pour arriver à profiter de vos rêves», ni «les films vous ont donné un besoin de violence et vous rêvez d'autodestruction». Il montre juste que cette jeunesse est incompatible avec ses rêves. La faute à qui ... on n'en sait rien, et Glodell a bien raison de ne pas s'attaquer à ce problème.

Je comprend pourquoi Bell Flower est arrivé avec une réputation de «petit film culte», il y a paquet de scènes bien rock & roll, des dialogues et une réal au top. Mais Glodell surprend vraiment par sa maturité, son film est complexe et subtil, tout en gardant une certaine fougue de la jeunesse. Affaire à suivre, j'attends son prochain film avec impatience... et vous conseil déjà fortement celui là !


Étienne_B
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le 1 avr. 2012

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Étienne_B

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