Second long-métrage de Martin Scorsese, ce BOXCAR BERTHA m’a beaucoup moins fasciné que le film précédent.
Apparaissant comme un film de commande – je veux dire par là qu’aucun motif Scorsesien n’est véritablement repérable – il semble toutefois s’affranchir de toute censure… Mais aussi de toute direction.
BOXCAR BERTHA, c’est un peu le mariage étrange d’un pur divertissement (le film de gangster) et d’un certain sous-texte politique.
De ce point de vue, Scorsese évoque de nombreux thèmes sans rien développer ou récriminer vraiment, mais dont on imagine aisément la résonance dans l’Amérique de 1972 :
La crise économique des années 30 (reflet du « présent », et de l’expectative d’une crise similaire qui aura d’ailleurs lieu 1 an après la sortie du film), le ravage causé par le progrès (ici, le chemin de fer), le racisme, l’antédiluvien conflit nord/sud, la peur du communisme (reflet là aussi, du présent et de l’absurde guerre froide), la condition de la femme.
D’ailleurs en parlant de femmes, BOXCAR BERTHA met en perspective la difficulté qu’à Scorsese à mettre en valeur ses personnages féminins (à l’exception de Alice et de la Ginger de Casino).
De son émancipation à sa prostitution en passant par son dépucelage, ou sa carrière de gangster, Bertha n’agit qu’en fonction des hommes, ce qui en fait une héroïne bien peu charismatique, sans personnalité autre que son corps… Une vision qui peut paraître assez misogyne – pourtant, on peut aussi imaginer qu’elle illustre le versant dévalorisant du subtil portrait réalisé dans le surprenant Who’s that Knocking at My Door, celui-là même qui définissait La Femme comme maman ou putain (Broad). Intéressant, mais sans avoir vu le premier film de Scorsese, cette théorie risque de complètement vous laisser froid.
BOXCAR BERTHA apparaît un peu comme un film sans personnalité à cause d’un certain manque de profondeur, malgré de passionnants thèmes abordés. On n’en retiendra au final que sa cruelle conclusion, et la beauté étrange de Barbara Hershey.