Il faudrait créer une liste : « Films cultes qu’il faut avoir vus au moment de leur sortie pour avoir la fraîcheur nécessaire à leur appréciation », ou plus simplement, « Trop Tard ».


J’y mettrais par exemple Stand By Me, Les Goonies, , et ce Breakfast Club, donc.


Sorte de pièce de théâtre jouant de l’unité de lieu (un lycée), de temps (un samedi) et d’action (une colle pour un groupe d’élèves en détention), Breakfast Club plonge le spectateur dans les tourments de l’adolescence américaine en l’enfermant avec eux.


Les rôles sont évidemment archétypaux, panel statistique de l’Amérique : la prom queen, le bad guy, le premier de la classe, le sportif et la weirdo (on s’étonne que la diversité ethnique n’ait pas été représentée) vont se donner la réplique, sortir les crocs puis montrer un cœur grand comme ça, rester mutique puis se livrer comme jamais, frimer puis blâmer papa.


On passera sur les errances de l’interprétation, tantôt inexistante, tantôt franchissant allègrement le point Cage (ce jeune sauvageon, grand dieu, il fait subir les affres de la consigne au plus grand nombre), pour s’amuser face à ce document archéologique sur les ravages des 80’s : la mode, l’image, le traitement clipesque avec nombreux intermèdes musicaux, vandalisme en carton et dents de scie émotionnelles.


Les ados qui ont vu ça se sont sentis compris, tout comme d’autres, quelques années plus tard, face au Cercle des Poètes disparus. Je parle d’expérience, pour le coup. Prendre le risque inconsidéré de le regarder avec trois décennies de retard (dans les deux sens du terme) ne lui rend certes pas justice.


Si je suis, tout comme eux, toujours bien incapable de traiter le sujet de leur dissertation (Qui pensez-vous être ?, en 1000 mots), je sais au moins que j’ai tout sauf envie de me reconnaitre dans ce défilé fake et supposément rebelle, dont la morale édifiante nous permet des retours à l’ordre assez confondants : la fille à papa s’acoquine avec celui qui l’agressait au préalable et lui offre un diamant parce qu’il est pauvre, et la weirdo pense à se coiffer pour devenir soudain belle au point de pouvoir se taper le footeux.


The land of opportunities, quoi.

Sergent_Pepper
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le 23 févr. 2017

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Sergent_Pepper

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