Nous avons tous tendance à penser que nous sommes tous nés différemment des autres, que nous ne sommes pas du même moule génétique, ou bien que contrairement au commun des mortels, la divine providence nous prépare à un destin hors du commun, pour finalement finir marié avec des enfants, à devoir supporter la pression d’un petit patron au quotidien. Michael Peterson est le cas concret d’un homme sans le moindre talent, en manque d'attention et de reconnaissance, tant et si bien que s’il avait vécu à l'époque de notre génération il aurait certainement fait un brillant candidat pour les anges de la téléréalité. Au lieu de cela, il va braquer un guichetier avec un fusil à canon scié pour une poignée de livres sterling, avant d’être interpelé et condamné à sept ans de prison ferme. Celui qui se fera par la suite surnommer Charles Bronson en référence à l’acteur américain des Westerns et Vigilante de l’époque passera presque toute sa vie en cellule d’isolement pour sa mauvaise conduite et ses actes violents perpétré à l’encontre de ses codétenus ainsi que du personnel encadrant. Fasciné par la personnalité de cet énergumène, Nicolas Winding Refn se propose d’en faire le portrait à travers différent chapitre de sa vie systématiquement introduit par un one man show onirique de Tom Hardy tour à tour grimé en Mimes ou bien en Clown dans le but d’établir la figure d’un personnage charismatique à même de divertir l’audience en manque de fait divers et de sensations fortes.


La folie de Bronson est clairement mise en évidence lors d’un bref séjour en hôpital psychiatrique. Le prisonnier qui devait certainement s’imaginer avoir décroché la timbale se voit réduit à l’impuissance par de fortes doses de tranquillisants au milieu d’autres patients triturant leurs excréments. Refn va alors s’en donner à cœur joie en déformant volontairement la perception de l’environnement par des effets visuelles et sonores ainsi que par l’emploi de courte focale afin d’accentuer la détresse de son personnage déambulant au milieu d’une piste de danse improvisé sous les intonations pop des Pet Shop Boys avant de lancer un cri alarmant de désespoir. Après un tel trauma, il est évident que Bronson n’aspirera qu’au confort minimalisme de sa cellule d’emprisonnement, le milieu carcéral prenant tout de suite des atours de véritable Club Med à côté de cet enfer purgatoire. Sa sortie de prison apparaîtra presque comme un anachronisme dans son parcours de vie, une pause récréative pour un homme cherchant à se donner en spectacle dans des combats organisés. La romance qu’il touchera du doigt n’aboutira qu’à un néant sentimental. Blessé dans son estime, il n’y aura rien d’étonnant à ce que le bougre puisse vouloir regagner sa piaule à l’abri du monde extérieur.


La promotion du film évoque un Orange Mécanique du 21ème siècle. Refn étant souvent comparé à tort ou à raison au cinéaste Stanley Kubrick. On retrouve effectivement un ton humoristique décalé par rapport au drame de la situation, ainsi que ce mariage improbable et dérangeant entre la musique classique et la violence explosive de son principal protagoniste qui à défaut d’avoir reçu une bonne éducation durant son enfance, deviendra un artiste incompris. Sa poésie à lui, il l’exprime avec ses poings plus qu’avec ses tableaux ou ses desseins. Une référence est tout de même glissée à ses oeuvres lors d’une prise d’otage permettant de faire le parallèle saisissant entre les différents aspects de sa personnalité borderline autant dévolue à son art qu’au plaisir de la baston. L’approche ne se veut jamais moralisatrice, même si il est clair que Bronson se distingue surtout par son tempérament bouillonnant, en constante rébellion contre toute forme d’autorité supérieur. Il ne sera donc jamais question de rédemption, ou d’évasion, puisque l’homme régresse au fur et à mesure de son isolement en prison pour se muer en bête féroce, un chien fou et déchaîné qui n’aspire qu’à donner des coups à la société qui l’a rejeté, d’où l’évidente volonté de commettre des exactions pour continuer à exister et à faire la une de tous les journaux dont il tire une véritable fierté. Mais toute forme de célébrité à sa rançon de succès, la sienne sera de rester enfermé à perpétuité soit 48 ans à ce jour. C’est quand même cher payé pour 26,18 Livres !

Le-Roy-du-Bis
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le 30 mars 2023

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Le Roy du Bis

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