Chassez le naturel, il revient au galop... encore que celui ci n'est jamais loin chez Scorsese. 5 ans après avoir abandonné ses gangsters pour explorer de nouveaux horizons avec plus ou moins de réussite, notre bon vieux Martin revient à ses premières amours. Casino n'est ni plus ni moins qu'une version Deluxe des Affranchis, et pas seulement parce qu'on y retrouve Joe Pesci et Robert de Niro dans des rôles très similaires. Soit un petit crétin nerveux, insupportable, qui balance une insulte par phrase et tabasse quiconque n'est pas d'accord avec lui pour le premier et une force tranquille plus réfléchie pour le second. Seul (petite) révolution : la présence d'une figure féminine parmi les rôles princiaux, incarné par Sharon Stone, mais qui ne brille pas par sa très grande modernité. C'est d'ailleurs une constante chez Scorsese : les rôles féminins sont soit inexistants, soit pas très glorieux, en témoigne ici le personnage de Ginger McKenna, une pute volage, hystérique, droguée... Je m'étonne encore que dans une époque propice à clouer au pilori ses anciens héros, le cinéaste n'ait pas été crucifié par le mouvement metoo.
Casino est donc un retour en arrière sans grande originalité, il survole d'ailleurs un peu son sujet : le milieu du jeu et des casinos n'est pas très exploité et l'intrigue pourrait se dérouler dans un autre contexte sans que ça ne change l'intrigue. Ça parle beaucoup, comme toujours chez Scorsese et ça ne raconte pas grand chose, une énième histoire de petits truands qui finissent par se trahir et s'entretuer avec une femme au milieu : been there, done that. Martin radote, pendant presque 3h cette fois et c'est un peu long quand on brasse du vide. Comme d'hab, on se fiche un peu des personnages puisqu'ils sont tous plus ou moins antipathiques, les rôles secondaires sont inexistants et seul le talent du réalisateur derrière la caméra permet de tenir jusqu'à la fin, en étant content que ça se termine.