Le monde de la critique relève d'une pure masturbation intellectuelle et morale, c'est l'exercice de prédilection des has-been et ratés qui n'ont souvent jamais eu le cran d'aller au bout de leur rêve et de leurs idées. La plupart font leur beurre avec cynisme, tout est bon pour tirer sur l'ambulance tant que ça fera rire les gens et vendre des torchons. De toute façon, il n'est pas nécessaire pour un artiste ou un cuisinier de comprendre ce qu'il fait puisque les critiques se chargeront toujours de lui expliquer. #Chef n’est pas tant un film sur le milieu de la restauration, il s’agit plutôt d’une oeuvre introspective dans l’ère du temps bâti sur l’égo surdimensionné d’une star à la manière de The Humbling, Birdman ou After Earth. Bon, je serai franchement mal avisé de lui jeter la pierre tant j’utilise moi-même les chroniques de films pour exorciser mes propres troubles comportementaux, déballer ma science, tartiner ma culture et évoquer mes souvenirs mélancolique. L’égo c’est aussi le propre des chefs en quête de reconnaissance professionnel. L’amour propre peut alors en prendre un sacré coup lorsqu’il se heurte au mur impitoyable de l’incompréhension et de la suffisance de nos opinions. Jon Favreau réalisateur et producteur influent du système hollywoodien (les deux premiers Iron Man c’était lui), emploi l’allégorie d’un road movie pour se mettre en scène dans un rôle de boomer en pleine crise existentielle à la suite d'une brouille polémique sur les réseaux sociaux. Comme je le disais déjà pour l’avoir appris autrefois en cours de CFA « Il faut 20 ans pour construire une réputation et cinq minutes pour la détruire ». Cela va évidemment plus vite de nos jours, dans un sens comme dans l’autre puisque la popularité ne se mesure désormais qu’aux nombres d’abonnés ce que le cinéaste entend bien démontrer en faisant preuve d’une belle humilité et ce qui lui permet également de faire état de ses velléités artistiques jusqu'alors tourné vers le blockbuster populaire.


Comme je le disais également dans ma critique de Green Book ce genre a l’avantage d’être inratable puisqu’il suffit pour ses personnages de se retrouver confronter à leurs différences culturelles ou générationnelles comme ici afin d’apprendre et de devenir des meilleurs versions d’eux même. Le casting réuni quelques têtes d’affiches connu (Scarlet Johansen, Robert Downey Junior, Dustin Hoffman) autour d’un drame plus intimisme faisant la nique aux gros studios et plus à même de remporter des prix dans les festivals surtout depuis les deux oscars obtenus par Little Miss Sunshine. Après avoir rendu son tablier et dit merde à son patron, le cuistot se recentre sur ce qui importe réellement dans sa vie, l’entourage, la famille et veut retrouver le vrai plaisir de cuisiner, comprendre par là celui de réaliser des films. Une passion qu’il lui faut raviver après des années de soumission aux impératifs de production. L’idée c’est de retrouver son indépendance et de concocter quelque chose de plus « simple » sans artifice ni prétention. Ce sera tacos et Burritos fait maison avec de la viande marinée, pas ces merdes industrielles Odel Paso que nous vend Danny Trejo à la TV. Forcément le concept est à la mode et met à l'amande la concurrence qui ne propose que du congelé.


Evidemment cette tournée sur les routes n’a pas pour but de durer dans le temps, c’est un concept éphémère auxquelles nombreux sont les grands chefs du milieu à s’être adonné ces dernières années, de la même manière que le réalisateur ne fera pas exception à la règle en signant les adaptations live du Livre de la Jungle et du Roi Lion chez Disney. #Chef ne fait donc pas que relater le mea culpa d’un homme coupable de crise d’orgueil, il parle d’une réconciliation intergénérationnelle à travers une entreprise estivale et itinérante soudant les rapports père-fils. L’enfant qui ne pense qu’à jouer va trouver du plaisir à travailler dans le partage et l’effort sacrificiel commun ainsi qu’un sens du devoir déjà plus adulte, tandis que le chef va mettre de l’eau de son vin, réapprendre à s’équilibrer et profiter des petits plaisirs simple de la vie, se défaire enfin du monde intransigeant de la presse journalistique et trouver dans les réseaux sociaux la voie d’une nouvelle épiphanie. Il y a donc du bon dans ce phénomène viral, même si le constat peut s’avérer tout aussi amer : vouloir s’affranchir des contraintes de la société capitaliste revient quelque part à s’y confronter. Le succès engendre une demande de plus en plus croissante et une automatisation aliénante qui auront forcément raison de sa liberté et de sa créativité si l’envie lui prenait de continuer. L’éternelle rançon de gloire, on ne s’en sort jamais vraiment.

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le 4 janv. 2024

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