Ang Lee réalise avec Ride with the Devil un western centré sur ses personnages selon son habitude, sans pour autant négliger son scénario et les scènes d’actions.


L’histoire se situe durant la guerre de sécession et elle a pour originalité de nous la raconter du point de vue sudiste. Le film ne nous fait pas le récit des batailles menées par les armées des deux camps, mais il nous plonge plutôt dans la situation chaotique des actions menées par des groupes auto-constitués, ne répondant aux ordres d’aucune autorité officielles. Ces bandes répandaient autour d’elles la terreur, en particulier parmi les civils. Leurs raids étaient sauvages et sans pitié.


Ride with the Devil, c’est une histoire de haine et d’amitié. Une histoire où personne n’est tout blanc ou tout noir et où chacun essaie de composer avec son passé et le présent. Haine du nègre, haine des allemands, haine des nordistes, haine des sudistes. La haine est partout, elle est aveugle et se montre stupide. Mais aussi et surtout amitié. Amitié entre Jake Roedel, jeune allemand qui pour cette raison devrait se rallier aux nordistes et Jack Bull Chilies sudiste dont la famille est massacrée sous ses yeux. C’est au nom de cette amitié que Jake rejoint le groupe de sudistes suivant ainsi son ami d’enfance. Un ralliement causé pour Jake par l’amitié et pour Jack par le désir de vengeance. Il ne faut pas y chercher de raisons idéologiques ou de motivations raisonnées. C’est également au nom de l’amitié que Holst, un « nègre » rejoint le groupe sudiste, ce qui est un comble ! pour suivre Georges qui l’a racheté et lui a offert la liberté.


Ang Lee prend le temps de développer ses personnages, de faire sentir leurs émotions, le sentiment d’absurdité qui les travaille, leurs souffrances, leur solitude, leur fatigue. Il glisse de nombreuses scènes pleine d’humanité où les personnages échangent et se soutiennent. Il y a tout spécialement ces séquences où Jake, jeune homme cultivé, lit des lettres interceptées, écrites par des nordistes. Ces lettres de mères, de frères, de gens ordinaires touchent le cœur de ces hommes endurcis qui se rappellent leur propre vie à travers ces bribes de vies racontées par l’« ennemi ». Et ils en redemandent !


Si Ang Lee développe ses personnages, il ne néglige pas pour autant les scènes d’actions qui sont nombreuses et bien menées. Il nous offre aussi de magnifiques plans où la nature est magnifiée tandis qu’elle est traversée par ces hordes de combattants.


Ride with the Devil, western crépusculaire, se savoure en compagnie de ses personnages bien typés et attachants malgré, ou à cause de leurs imperfections.

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le 14 mai 2022

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abscondita

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