ah le mariage, l’Amérique, le rêve à portée de main ... La fin de la guerre, l'espoir d'une nouvelle vie, l'abondance, la grandeur et un bel homme pour nous accompagner ? Que demander de mieux que ces doux bas nylons et ces cigarettes que l'on fume avec joie. Le film commence donc dans cette ferveur de groupe, dans un camp où l'on apprend aux femmes à devenir de vraies "american laidies", en leur faisant miroiter ce rêve d'être une citoyenne et une épouse (surtout une épouse) accomplie. Au milieu du flot de ces tous nouveaux hyménées, plusieurs petites figures vingtenaires se détachent.Elles deviennent vite amies et se promettent une fidélité sans partage même une fois éparpillées sur l'immense continent américain. C'est donc toutes guillerettes qu'elles montent dans le car les menant vers le ferry.

Mais là où le film surprend c'est que rien ne se passe alors comme prévu, le fil tracé se brise quand un chainon est séparé de sa chaine, renvoyée à son sort de paysane vivant chez ses parents Jeannette se retrouve propulsée hors du rêve américain. Et c'est d'abord de son point de vu que l'on découvre la vie des femmes arrivées sur le continent au travers des cartes envoyées par Mireille et Marie-Thérèse qui parlent de leur bonheur, de leurs joies d'abord, envoyant des photos mirobolantes où l'on peut lire au dos "le bonheur quoi !". Perdue dans la France profonde, veuve sans avoir été femme, humiliée par le système, Jeannette n'est plus guère bonne à marier en France, elle se résout d'abord, fragile, épinglant sur une carte géante les exploits de ses amies. Mais bien vite les désillusions nous proviennent, non pas chez toutes, certaines, comme Mireille, semblent avoir trouvée la perle rare. C'est dans son rapprochement avec Marie-Thérèse (impeccable Salomé Stévenin) que le drame s'intensifie. D'abord jalouse d'un bonheur qu'elle convoite (mais toujours liée à sa soeur de coeur), Jeannette va peu à peu découvrir la galère avec Marie-Thérèse prise dans l'étau d'un mari hanté par la guerre.

C'est alors la fuite, la séparation et l'inversement des rôles qui se poursuit. Pour un constat tout simple mais fort: la vie n'est pas un long fleuve tranquille et les rêves peuvent se retourner aussi vites qu'ils sont apparus. Ces femmes en font le difficile constat tout en restants fortes et unies. Et de France ou d'Amérique les 3 belles actrices de ce film nous livre une prestation fraîche et revigorante de celles qui pensaient s'accomplir dans le mariage et se découvriront ailleurs, belles et (un peu trop) résignées ....

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le 19 févr. 2013

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eloch

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