The incredible true story... et caetera et caetera...

Les biopics sont légion en ce moment, il faut croire. Une fois n'est pas coutume, il s'agit encore d'un combat de femme, cette fois-ci avocate, Betty Anne Waters, et nous offrant une vision de la justice des années 80 assez différente de celle que l'on a l'habitude de voir dans les métrages.
Betty Anne (Hilary Swank) est une jeune femme simple, vivant seule et mère de deux enfants. Proche de son frère Kenny (Sam Rockwell) depuis toute petite, ils sont quasiment inséparables. Cependant celui-ci a la fâcheuse habitude de cumuler les gardes à vue, jamais pour des choses très graves, mais lui valant malgré tout un casier qui s'allonge. Le clou sera totalement enfoncé lorsqu'il sera arrêté pour un homicide, particulièrement barbare, et pour lequel il sera reconnu coupable, toutes les preuves étant contre lui. Betty Anne, persuadée de son innocence, décidera d'entamer immédiatement des études de droits dans le but d'avoir les moyens d'innocenter son frère.

Si l'idée d'une biopic sur une figure de ce genre pouvait être intéressante, son traitement l'est en revanche déjà moins. Suintant l'académisme et le Wikipédia-movie, le développement s'avère plat, sans grande recherche dans sa mise en scène, essayant quelques flash-backs pour tenter d'intensifier les liens qui unissent notre duo, mais qui hélas n'atteignent que rarement l'effet escompté. Tony Goldwyn, le réalisateur, pas très chevronné et surtout connu pour ses rôles de fumier (Carl, le type qui fait tuer Sam dans Ghost et essaie ensuite de se faire Molly), dispose d'une bonne histoire, mais ne sait ni comment la réaliser, ni comment développer le côté humain, se contentant de réciter ce qu'il sait comme un élève qui serait appelé au tableau. Echec dans les émotions, échec dans des visuels d'une Amérique qui se veut rude et profonde. La comparaison de l'histoire avec celle de Fighter est simple, frère trash, destins brisés et coin perdu, mais force est de constater que là où certains trouvent l'inspiration et nous dépeignent des récits poignants, d'autres se révèlent aussi neutres que la Méditerranée.
Néanmoins, tout n'est pas noir, Hilary Swank et Sam Rockwell se montrant suffisamment convaincants pour éveiller au spectateur un tant soit peu d'intérêt, ce qui n'est déjà pas si mal.

Bref, Conviction est loin d'être la biopic de l'année, et malgré son sujet intéressant déçoit beaucoup. Pas un navet, car le duo Swank/Rockwell fonctionne plutôt bien, mais simplement un film qui vous apportera un peu de culture, mais aucun baume au coeur. D'ailleurs, quitte à réciter sa leçon, on aurait aimé que dans l'épilogue, Goldwyn nous précise qu'après un combat qui aura duré 18 ans, Kenny est mort en tombant d'un mur, 6 mois à peine après avoir été libéré de prison, et que 3,4 millions de dollars ont été versé à sa famille en dommages et intérêts. C'est ça la putain de tragédie ! Hélas, Goldwyn a loupé le plus gros du drame : Kenny est poursuivi par la Loi de Finagle.
Les aficionados les plus hardcores auront néanmoins un certain plaisir à retrouver Juliette Lewis, certes dans un rôle très secondaire, mais dont elle réussit à faire savourer chaque mots.
Pour conclure, si l'idée de vous taper un épisode de deux heures de New York Police Judiciaire (mais avec de bons acteurs) ne vous dérange pas outre mesure, vous serez probablement satisfait. Les autres auront aussi bien à faire que d'aller sur Wikipédia, à moins qu'ils souhaitent absolument voir Swank et Rockwell.
Mention spéciale pour Sam Rockwell, dans un rôle trash qu'il porte avec brio, certes pas du niveau de celui de Christian Bale dans Fighter, mais malgré tout vachement bon.