Creepshow 2
5.8
Creepshow 2

Film de Michael Gornick (1987)

Une anthologie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber avant de mettre le nez dedans. Ce registre qui a vu sa première heure de gloire durant les 50 et 60 en Europe a vu un regain d’intérêt fulgurant dans les années 80 suite au succès du premier Creepshow. L’universalité et la pluralité de son concept a sût traverser les genres et les époques, puisque l’on peut retracer ses origines jusqu’aux années 20 avec Le Cabinet des figures de Cire. Nous pourrions même remonter beaucoup plus loin si seulement nous disposions de la science infuse et que nous avions accès à l’univers cinématographique étendu, mais à ses origines, le 7ème art n’était-il pas qu’une succession de sketches d’histoires fantastique ou humoristique ? S’il est toujours difficile de faire coexister différents segment sans souffrir d’un manque d’homogénéité, le premier opus avait sût éviter cet écueil grâce au contrôle total de Georges Romero. Michael Gomick va passer du statut de chef opérateur à celui de réalisateur pour cette séquelle. S’il s’agit de son premier long métrage, il s’est néanmoins déjà fait la main à la télévision sur la série Tales from the Darkside ce qui lui accorde toute la légitimité nécessaire pour mener à bien ce projet malgré un budget amputé de moitié. Les contraintes financière sont telles que le récit ne proposera que 3 histoires au lieu des 5 normalement escomptés. On peut également noter la perte des transitions graphiques en bande dessinés qui faisait justement toute l’originalité de sa mise en scène rendant hommage aux EC Comics. Sur le plan formel et seulement sur ce point, Creepshow 2 n’arrive pas à la hauteur de son illustre prédécesseur malgré l’emploie de quelques séquences animées et d’un Creeper cette fois-ci interprété par le responsable des effets spéciaux Tom Savini.


Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, le film ne souffre d’aucune longueur superflue et il n’est d’ailleurs pas interdit de le préférer au corpus original par son approche moins infantile. En résulte des histoires plus violente, plus gore et surtout plus virulente notamment sur le plan social. L’adultère, la quête de reconnaissance, la discrimination, ou le harcèlement sont notamment évoqués et sont toujours aux sources d’un problème de fond qui finira légitimement par occasionner la mort de ses personnages principaux, le fantastique n’intervenant qu’en réaction à un mauvais comportement. Comme toujours, la chute est teinté d’une ironie macabre un brin moralisatrice ce qui fera taire les réactionnaires et associations de parents qui s’effarouchaient autrefois de ce registre littéraire. Si le premier segment pourrait passer pour le parent pauvre du film, il n’en reste pas moins jouissif et permet d’offrir une justice expéditive à son vieux couple de propriétaire abattu froidement par une bande de délinquants. Le totem sacré offert par le chef d’une tribu indienne va alors se venger pour se faire le scalpe des responsables de ce massacre. La seconde histoire devrait d’avantage parler aux adolescents en plein bouillonnement hormonales. Il y est question de braver les interdits en allant se baigner dans un lac restreint d’accès où une nappe de mazout anthropophage cherche à les engloutir, les obligeant à se réfugier sur un radeau de survie. Evidemment, le seul moyen d’y échapper sera de prendre la marre de vitesse, mais la fin est aussi là pour nous rappeler que quoi que l’on fasse pour y échapper, la sentence n’est jamais aussi accablante que lorsque que l’on se croit enfin en sécurité. Si l’intérêt monte crescendo, l’apothéose est atteinte grâce au dernier chapitre où une bourgeoise qui revient d’un plan cul avec son amant, renverse accidentellement un auto-stoppeur qu’elle abandonne à son sort sur le bas-côté. Mais ce dernier pas mal amoché va revenir ponctuellement la harceler pour la remercier d’avoir mis fin à sa misérable existence. Le sujet a vraiment le mérite de pointer l’individualisme croissant dans la société et de souligner l’indifférence réservé aux afro-américains et plus particulièrement aux populations de sans-abris juste bon à se faire dégommer par l’essieu d’une berline. Une pointe d’horreur très satirique apporté par l’apport de Georges Romero au scénario ce qui manquait un petit peu dans le premier Creepshow.

Le-Roy-du-Bis
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le 2 nov. 2023

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Le Roy du Bis

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