Docteur McConaughey et Miss Leto entre 4 sabots et 20 000 pillules

Une respiration d'animal se laisse entendre crescendo, l'image nous offre alors une arène gigantesque et cruelle. Le rodéo est le premier personnage du film, prenant une place extrêmement importante dès la scène d'ouverture. Instantanément, le personnage de Matthew McConaughey prend le rôle de l'animal, coincé entre les planches de l'enclos et les hanches d'une demoiselle, rôle qu'il gardera jusqu'à ce qu'il crée le Dallas Buyers Club (je vous laisse quand même découvrir ce que c'est...)

Donc Dallas Buyers Club, ou comment démanteler tout l'ordre établi par la médecine dans ce vieux et, ma foi peu attrayant Texas, en deux mouvements. Le premier nous présente un Ron Woodroof (Matthew McConaughey) maître du rodéo, résolument homophobe, accro au sexe et en proie à de lourds soucis financiers. Un redneck texan, les santiags aux pieds, et qui parait lourdement malade. S'ensuit alors la scène déjà mythique où McC insulte son docteur, qui lui annonce le pire des diagnostics, sa séropositivité. À l'époque où le monde pensait encore que le virus ne touchait que les homosexuels, les trans ou les bi, l'homophobie est omniprésente et le VIH se répand à n'en plus finir; Woodroof n'a plus alors qu'un mois à vivre et, rejeté par ses potes, il se meurt seul de jours en jours. Le réalisateur dresse ainsi un portrait pathétique, triste et trash de cet homme incompris de lui-même, où chaque scène d'émotion est une véritable claque, tout ceci soutenu par un acteur au plus haut de sa forme, malgré son corps d'insecte meurtri, simplement phénoménal pour poursuivre son grand retour dans le cinéma.

La deuxième partie, acheminée merveilleusement bien sans nette transition, dévoile toute l'ingéniosité du film. Certaines scènes, même quelques petits détails sont compris grâce à une simple phrase, ou un plan rapide, utile et léger. C'est ici que Jared Leto fait son entrée. À la première apparition, c'est une femme, arborant un maquillage exceptionnel ou bien une robe vert pomme, véridique. Son personnage, à la fois complexe et simple, est développé avec un tel charisme et une telle force que l'on en tomberait amoureux. Leto est parfait dans son rôle de trans séduit et prouve une fois de plus son aisance dans n'importe quel domaine artistique. La relation qui naît difficilement entre les deux protagonistes rappellent l'importance du rôle qu'a le cinéma dans l'acceptation de l'autre et fait réfléchir sur la discrimination envers les homosexuels et pas seulement. C'est le personnage de Leto, appelé(e) Rayon qui transforme la bête enfouie en Mr. Woodroof en homme (presque) respectable. La métamorphose pas seulement physique des personnages est impressionnante et l'envie de les revoir vite ensemble devient insurmontable.

Passons maintenant aux choses sérieuses, tout comme nous passerons sur la prestation peu réussie d'une Jennifer Garner qui ne sait plus se réinventer malgré ses (nombreux?) navets. Le coté trash et violent du film est extrêmement présent, allant parfois jusqu'à une forte gêne du spectateur. Non pas qu'il soit gore ou pornographique mais chaque scène peut être marquante et cela ne nous laisse finalement peu de temps pour rester ému ou pour digérer le fait passé. Peut-être plus de finesse serait parfois la bienvenue dans un film indépendant comme celui-ci.

Ceci dit, la reconstitution historique (vêtements, coiffures, voitures ou même scénario) est réussie, la réalisation intéressante et le couple formé par les deux acteurs est absolument irrésistible, à voir en vitesse, tout en s'abstenant d'y emmener ses enfants, juste un conseil...
maxpemeja
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le 30 janv. 2014

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maxpemeja

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