Le traitement du personnage de Davis est vraiment bien amené. C'est un de ces types qui passent leur vie à ne pas la passer, qui se rangent dans une case, font un boulot parce qu'il apporte de la stabilité, les fantômes du quotidien.
Il est dans un couple marié, probablement un enfant dans les perspectives à venir, a un beau-père qui ne l'aime pas, le mec de base qui n'a pas franchement une vie des plus folles.


Le film peut donc soulever la problématique suivante : "Que se passe t-il lorsqu'un fantôme du quotidien voit sa routine s'écrouler tout à coup ?


En effet, dans sa vie de fantôme, Davis ne pouvait pas prévoir que sa femme allait mourir devant ses yeux dans un accident de voiture (qui, ironiquement, est lié au fait qu'il n'ai pas réparé le frigo).
C'est alors que Davis, pour la première fois depuis bien longtemps, se recentre sur lui. Il remet toute sa vie en question, se demande si tout ça n'était pas qu'une vaste blague.
Il finit par envoyer tout un tas de lettres de réclamations, à une société de distributeurs automatiques, lettres dans lesquels il finit par se confier de tout et de rien.
Il rencontre Karen, la responsable du service client, et là on se dit "bon, il a retrouvé quelqu'un, ils vont finir ensembles et ils seront heureux, fin".


Mais que nenni ! Ils deviennent amis ! Si, si, vraiment, une amitié homme-femme est possible dans un film Américain (dans la vraie vie aussi je vous rassure).
Il fait la rencontre du fils de Karen, qui est un peu paumé/chiant/désagréable/adolescent quoi.
Et là, Davis reprend goût à la vie, défonce des murs avec le gamin, squatte chez Karen, met son mariage en pièces, se rend compte que si, il aimait vraiment sa femme, s'accepte lui-même, se fait virer, est saoulé par son ex beau-père qui ne respecte pas les volontés de sa fille, essaie d'aider le gosse de Karen à s'accepter et s'épanouir, a des visions de sa femme tout le temps, se fait virer de chez Karen par son mari... Et c'est à peu près tout.
Que retirer de ce film donc ?


Déjà les points fort :
- Par de morale nulle à la fin, le gosse qui assume son homosexualité (et peut-être le fait qu'il se définisse comme étant une femme d'ailleurs, c'est pas très précis à ce niveau-là) se fait casser la gueule, parce qu'en fait, t'as beau t'accepter, les autres ne le feront pas forcément.



  • C'est jouissif de voir des gens défoncer des murs, une maison, un frigo, tout ce que tu veux.


  • Ce film est beau. Y'a pas de lumière folle, de mise en scène incroyable... Mais c'est beau, parce que c'est ça la vraie vie. Les plans sont beaux, notamment celui où Davis marche parmi les fantômes avec son casque et se lâche.


  • L'humour. Alors on rigole clairement pas dès le début, ça met un temps à arriver, mais il y a réellement de bons moments drôles dans ce film.


  • La musique de qualité. Il y a même "La bohème" dans ce film. C'est largement suffisant comme argument. Plus sérieusement, même la première musique de la BO "Touch me I'm going to scream Pt 2" de My Morning Jacket est top.


  • Le personnage principal qui n'est pas un "héros". C'est juste un mec effacé qui finit par vivre après avoir vécu un truc horrible.


  • Il n'y a pas non plus de "méga évolution du personnage/happy end/tout finit par se régler. Il y a des souvenirs qui restent, quoi que l'on fasse, et le film ne nous ment pas là dessus.



Les points faibles :
- Ça met longtemps, mais vraiment longtemps à se mettre en place. Il y a l'accident qui arrive de façon très brutale, puis la narration traîne. C'est probablement voulu, pour montrer que le personnage patauge, mais 5 à 10 min de moins de plans sur Davis qui reste seul et regarde dans le vide auraient grandement aidé le rythme.



  • Sa femme. On sait rien d'elle, on la voit à peine et elle meurt. Ensuite on voit des bribes de ce qu'elle était, sans trop comprendre. Du coup, quand Davis est triste par rapport à sa mort, on manque d'empathie. Même, à la fin du film j'aimais pas trop sa femme et je me suis dit "bon, ça lui a fait du bien au final". Le seul truc que j'ai retenu d'elle c'est qu'elle voulait se faire incinérer et pas enterrer.


  • Le beau-père qui apparaît au début du film, puis on le revois plus jusqu'au milieu/fin environ. Bien qu'il n'aime pas son beau-fils, il est étonnant que l'on ai pas vu un peu plus ce personnage, ne serait-ce que pour signer un contrat chez le notaire. Mais rien. Tout ce qu'on sait sur le beau-père c'est qu'il aime pas Davis. Comme pour la femme de Davis, plus de développement n'était pas de refus.



Et c'est à peu près tout. Les défauts concernent principalement, à mon sens, le manque de développement des personnages secondaires.


Ce film mérite quand même un 8/10 pour moi, et c'est un vrai coup de cœur. Il met de bonne humeur, ne nous donne pas de leçon particulière, n'est ni lourd au niveau des émotions ni léger, il est un petit vent frais de réalisme qui fait du bien, face à tous les films clichés que l'on peut croiser dans nos cinémas.
Des bisous.

Lynn
9
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Créée

le 31 mars 2017

Critique lue 307 fois

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