Dans Bigger than Life, Ray s'attaque à l'American Way of Life en dépeignant le quotidien d'une famille middle class américaine qui plonge peu à peu vers l'enfer.
Le mari, James Mason, est enseignant. Il vit dans une banlieue pavillonnaire avec sa femme et son fils, et arrondit ses fins de mois en travaillant dans une agence de taxis le soir après les cours. Un soir, chez lui lors d'un repas entre amis, il fait une crise et est conduit à l'hôpital. Victime d'une maladie grave, il est obligé pour s'en sortir de prendre des cachets de cortisone toute la journée.
Pratiquement scindé en deux parties, le film décrit dans un premier temps la normalité de cette famille calquée sur le modèle sociétal américain de l'époque. Le père est courageux, droit, travaille pour faire vivre sa femme et son fils, invite ses collègues de boulots pour des repas en famille. Tout semble normal. La maison qu'ils occupent est rangée, propre, rien ne dépasse. Pourtant le cadre de Ray dégage une sourde agonie, un sentiment étouffant lié à un manque de vie et d'oxygène. Tout est trop nickel, trop terne. Seuls éléments iconoclastes, des posters de villes et pays étrangers collés sur les murs. Comme seules fenêtres vers l'ailleurs, comme seuls échappatoires.
La deuxième partie débute lorsque Mason commence à prendre son traitement et en abuse.
A partir de là, tout va voler en éclat. Mason se prend peu à peu pour quelqu'un d'autre, quelqu'un de supérieur, Bigger than Life. Son personnage, sorte de monstre fou et inquiétant, va permettre à Ray de remettre en cause le système sociétal, familial, éducatif et même religieux avec férocité. La cortisone n'est peut être qu'un prétexte scénaristique, mais le fait d'utiliser la drogue et la dépendance comme dynamite glissée dans la brèche de cette société mais également comme porte de sortie de ce quotidien, à quelque chose d'ironique et de noir.
La mise en scène est assez géniale, bourrée de trouvailles et collant parfaitement au sujet.
Teklow13
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le 13 févr. 2012

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Teklow13

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